mardi 15 mai 2012

Revenons à la cueillette !

La Bretagne, ça me gagne !

Une chômeuse au salon du livre - Acte 2 : après le Salon du livre de Paris, j'ai été invitée à participer à un salon du livre Santé à Lorient, au coeur de Ploemeur, un mignon bourg de 20 000 habitants. 
Ces choses là n'arrivant pas souvent, j'ai dit Yes !

Samedi, levée 6 heures pour prendre mon petit train, accompagnée de Biquette que j'ai embarquée avec moi. 
C'est au cours d'une soirée sur le thème "vignes et vendanges", en regardant ma tendre amie déverser l'incompréhension de sa rupture amoureuse dans quelques verres de vin, que j'ai pensé qu'un grand bol d'air marin iodé dégagerait autant son minois que sa sphère ORL encombrés de larmes.

C'est donc un être étrange, couleur Casimir, qui m'a accompagnée dans cette belle aventure, lâchant les tensions accumulées en dormant tout le long du trajet.

Biquette en flagrant délit de sommeil

Arrivées à Vannes, nous sommes cueillies par le staff de l'association des libraires indépendants, au sourire aussi immense que le soleil breton !
Et oui, il fait beau aussi en Bretagne.


Direction l'hôtel pour poser nos bagages avant de rejoindre la salle des fêtes pour déjeuner.
Nous sommes une petite quinzaine conviale autour d'une table en U, j'ai l'impression d'être à un mariage.
A sa gauche, Biquette côtoie le grand et adorable pédopsychiatre Aldo Naouri, mais elle ne le sait pas encore.
Elle s'amuse à lui montrer son nouveau joujou : sa tablette Samsung, un hybride de portable entre l'IPhone et l'Ipad.
Ils s'amusent comme deux enfants qui découvriraient une boîte de Légo futuriste.

Ma digestion se termine sur mon stand avant que vienne mon tour de faire mes ateliers conférences sur le Bien manger.
Miam miam.
Je l'avoue, j'ai eu le trac, il s'agissait de ma toute première conférence, moi avec un petit micro et des pairs d'yeux me scrutant, attendant ma bonne parole.

Et je me suis lancée, et tout s'est tellement bien passé !
Public adorable, organisateurs du salon d'une bienveillance rare.



Clap de fin.
Une habitante de Ploemeur s'approche de moi, nous papotons, comme je n'ai aucun moyen de locomotion, elle propose de me conduire voir la mer à quelques kilomètres du salon, pour rejoindre Biquette, partie à petons visiter les alentours.
J'ai regardé la gentille dame avec les yeux d'un Chat-Shrek, me demandant si elle plaisantait.
Parisiens, prenons de la graine de cette hospitalité en voie de disparition !

J'ai retrouvé Biquette assise sur un banc, les pieds en sang à force d'avoir marché 10 kilomètres avec ses ballerines de Parisienne.
En guise de récompense, elle m'a tendu mon premier goûter : le kouign-aman, vous savez, cette spécialité locale à base de beurre, de beurre et encore de beurre, des kilos de beurre breton enfermés dans les quelques grammes de cette douceur endiablée. J'ai fondu...

Douceurs aux airs inoffensifs, explosifs en beurre !

Nous avons miré la plage de l'Anse de Stole, prenant un shoot d'air marin qui nous a fait limite tout drôle, limite enivrées. A force de jouer les "parisiennes à la plage", nous avons fini par louper notre bus. Normal, nous ne sommes pas à Paris, dès 19 h les transports se mettent en stand-by.


Rien ne nous effraie, retour à l'hôtel à pied, à travers des sentiers perdus et une nature couleur chlorophylle, sans l'ombre d'un humain à l'horizon. Mamma Mia ! Que c'est bon !
6 km d'une marche rapide, ça use ça use, surtout les petons ampoulés de Biquette, enroulés comme une momie dans des bandelettes de sparadraps. Je vous le confirme : les kilos de beurre engloutis furent éliminés vite fait bien fait.



Nous sommes arrivées en sueur, pile poil au moment de sauter dans la voiture du staff, pour longer des plages incroyables à l'état brut, nous faire flasher par un merveilleux coucher de soleil et rejoindre un restaurant dominant l'océan.

Chemin sauvage menant à Guidel

Le dîner fut servi sous le signe du végétarisme.

- C'est quoi au juste ?, me demande Biquette, affamée.
- Pas de viande, juste du poisson et des légumes.


A ce moment précis de ma réponse, un fumet alléchant de pizza prend possession du restaurant.
Biquette, qui avait perdu l'appétit, me regarde, suppliante, de ses yeux salivant.

A ma droite se tient un des conférenciers, une quarantaine d'années, gentil comme tout.
Il m'explique qu'il se délecte exclusivement de fruits, de légumes, de plantes, de baies sauvages et de grains grains (pourquoi pas), que manger un kouign-aman le soir lui fait le même effet "gueule de bois" au réveil qu'une cuite au vin rouge (ah bon ?).
Biquette n'est pas certaine de tout bien saisir, elle qui n'a qu'une envie : s'empiffrer de chips et d'une pizza, et siroter un coup !

Elle me chuchote :

- Et bah il est gratiné !

Je lui susurre :

- Au moins à 280°C, pendant 1 heure au four...

Le jeune homme nous dit être en pleine forme, je lui trouve le teint plutôt jaunâtre, une tension à moins 2, un entrain éteint, des éclats de rire difficiles à se mettre en marche, un corps presque fragile.
Le végétalisme ne rendrait-il pas légèrement triste ?

Il ne parle que de jeûne, de l'action des aliments sur le corps, les organes, de sa vitalité.
Soudain, je l'entends me dire qu'il part souvent en cueillette pour trouver des plantes sauvages et s'en nourrir. Vous savez, la cueillette, promenons-nous dans les bois.
Et là, j'ai eu un flash. Je vous l'avoue, je l'ai imaginé courant nu dans un immense champ, à ramasser des pâquerettes... J'ai réprimé un fou-rire.

Moi l'épicurienne, je ne comprends pas tout à fait cette façon ascète de vivre. Mais bon, pourquoi pas. Tous les goûts sont dans la nature, y compris dans la cueillette !

La fin de soirée s'est déroulée dans une ambiance bon enfant, Biquette et moi avons ri à nous en décrocher la mâchoire.
Et lorsque nos corps ont touché le matelas, nous nous sommes écroulées, balayant l'insomnie, plongeant dans un sommeil de plomb exquis.

Dimanche, retour au salon pour échanger avec les Ploemeurois avant de partir à l'assaut de la région. Le hic : ni bus, ni vélo ni voiture à notre disposition. 
Une consoeur du salon se propose alors de nous prêter son Espace gris Citroën.
J'hallucine sur la confiance qu'elle nous accorde.
Serions-nous dans le monde des Bisounours ?

En avant toute ! Direction la plage pour savourer un déjeuner face à la mer.
Quitter la grisaille et l'anonymat de Paris pour plonger dans un ciel couleur marine et une vague de chaleur humaine, nous avons cru rêver éveillées.

Imaginez Ploemeur... des kilomètres de cotes sauvages, des placettes charmantes accueillant de gourmands marchés, des champs d'un vert puissant à perte de vue, de belles maisons aux toits d'ardoise, des habitants à la gentillesse hors-norme, des balades en bord de mer à fouler le sable scintillant et à mirer les beaux bateaux alanguis sur l'eau, une Bretagne si belle qui préserve farouchement sa nature et son authenticité.


Les rencontres furent belles, touchantes, enrichissantes.
Déconnection totale, sans portable, sans ordinateur, sans télé.
Rien d'ostentatoire, juste un retour à l'authenticité, à la vraie réalité.

Il y a bien eu un avant et un après Ploemeur.

L'avant était plutôt gris souris, les estomacs noués et les sommeils en vrac.
L'après est couleur locale, d'un bleu infini teinté d'espoir et de paillettes étoilées, nos nez et nos fronts aussi rouges qu'un phare breton, le coeur gonflé à bloc, les sourires jusqu'aux oreilles et les estomacs bien remplis, cure de kouign-aman oblige !
Même Biquette, qui n'aime pas le sucré, a bien failli se transformer en kouign-aman géant.

Dimanche soir, tandis que le TGV nous ramenait dans notre Paris fulgurante, nous avons repensé à ces deux jours magiques, nous disant que tout devrait être aussi simple et sincère dans notre vie de tous les jours.

Avant de conclure que cette simplicité, bienveillante et rassérénante, c'est un peu comme la cueillette,  façon d'antan la plus simple et humble de nous nourrir, pourtant disparue.

Alors, ne serait-il pas grand temps de revenir à la cueillette ? ! ;)


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Comtesse,

Comme vous le voyez, je suis toujours vos aventures ;-)
Bravo pour vos très belles photos. Elles sont vraiment bien prises et d'une très belle qualité d'image. Quel pureté dans ces paysages. Je suis contente pour vous que vous ayez pris l'air marin pour vous revigorer. Vous êtes au chômage, mais au moins, vous avez des choses à raconter. J'attends toujours avec impatience de lire vos nouveaux articles sur ce blog. Continuez. LN77
PS : si vous aviez une adresse mail à me communiquer, je pourrais vous dire + discrètement qd je vois des coquilles ou même parler de choses + personnelles. A vous de voir.

La comtesse de Ségur a dit…

Bonjour LN

Je ne sais pas si tu as reçu mon MP, si tu veux m'écrire, c'est par là :

comtessesophie.segur@gmail.com

A bientôt !