Aujourd'hui, c'est la journée de l'amitié ! Mon amie Belinda est paralysée par une vilaine hernie discale depuis des semaines. Non, Belinda n'est pas une old lady, oui, elle a bien toutes ses vraies dents et l'âge de ses artères, à savoir 35 ans.
Je lui ai rendu visite, accompagnée de Bambou, mon autre acolyte. J'ai vu le minois opalin de Belinda, si fatigué et si fin, ses yeux océans auréolés de cernes, sa fine silhouette amaigrie par la douleur et les cachetons, et soutenue par une canne. Ca y est, c'est parti mon kiki ! Dépassée la trentaine, nous commençons gentiment à participer au trou de la Sécu :)
Toutes les trois de la même génération, nous avons vu le jour sous les auspices de l'année 77. Si nous venons d'univers différents, nous avons un point commun : nous ne sommes ni mariées, ni divorcées, ni mamans et, comme moi, certaines peinent à s'installer dans une vie professionnelle stable et épanouissante.
Toutes les trois de la même génération, nous avons vu le jour sous les auspices de l'année 77. Si nous venons d'univers différents, nous avons un point commun : nous ne sommes ni mariées, ni divorcées, ni mamans et, comme moi, certaines peinent à s'installer dans une vie professionnelle stable et épanouissante.
Bambou est experte en assurance d'objets d'art. Mais depuis quelques temps, elle s'occupe plus de vols de tee-shirts d'équipes de foot et de portières de voitures balafrés à coup de canif que de diamants 19 carats et de meubles Louis XV… Même le milieu de l'Assurance est touché. Elle est en libérale et ses fins de mois sont aléatoires selon le nombre de dossiers qu'on lui donne à traiter. Traduction : il lui arrive de boire du petit lait de vache maigre. Heureusement, Bambou nourrit quelque espoir de voir un jour son rêve se réaliser : devenir scénographe pour le cinéma. Fellini, l'entends-tu ?
Belinda, elle, est iconographe pour une agence de photo. Mais elle cache précieusement son vrai talent de photographe qu'elle ne peaufine plus depuis longtemps. Newton, réveille-la !
Nous sommes là, heureuses de nous retrouver, à papoter de tout et de rien, de nos joies et de nos galères. Après sept ans de vie commune avec son petit ami, Belinda vient de se séparer. Retour à Paris après avoir quitté la ville Lumière pour celle de la Moutarde. Retour à la case départ. Faire les cartons, déménager, retrouver un appart (A Paris, bonjour la galère !), gérer le stress et sa peine, elle en a eu plein le dos ! Sa hernie ne serait-elle pas l'écho de sa tragédie amoureuse ? Bientôt, je le sais, Belinda ôtera le mouchoir sur son cœur plein de larmes. Le temps est doté d'un pouvoir miraculeux, il tisse ses fils pour recoudre les plaies de l'âme humaine…
Pour changer les idées de notre malade, Bambou nous raconte qu'un assureur l'a contactée pour la débaucher. En plus de lui proposer de travailler pour rien, le monsieur au téléphone lui a demandé si elle avait des enfants ou si elle comptait en avoir…
…
Un ange passe…
…
Oui monsieur, quel est le rapport avec mes compétences ? Serais-je réduite à un simple mammifère incapable de jongler entre un job à responsabilités et une vie privée ?
Et vous, monsieur, voulez-vous des enfants ?
Certains recruteurs nous questionnent sur notre QI de procréatrices, nos parents s'interrogent sur nos vies de "patachon" et la leur (quand seront-ils enfin grands-parents ?). Ne pas avoir (encore) d'enfants, pourquoi, quand, comment, ne regarde que nous ! C'est un choix, parfois assumé, parfois contraint, selon les aléas du destin et des rencontres. A nous poser cette lancinante question, il nous arrive, parfois, de gamberger, de penser que l'année 1977 est une bien drôle d'année. Les fées auraient-elles pris une année sabbatique avant de se pencher en retard sur notre berceau ?
Ce soir, en me glissant dans mes draps parfumés de rêves, je me suis dit qu'en plus d'être au Chômage à Durée Indéterminée, le fait de ne pas être maman à 34 ans pouvait représenter une "anomalie" de la nature pour certains, un frein professionnel pour d'autres, comme si j'étais "différente"... Soudain, le malaise et le doute m'ont assaillie. J'ai vécu un grand moment de solitude...
Finalement, mon coup de calgon ne puiserait-il pas sa source dans une société aux mille clichés, conformiste, un poil angoissante et culpabilisante ?
Je vous le demande ma bonne dame !
1 commentaire:
Je m'inscris au club des 77 :-) En couple, avec un enfant, mais malheureusement en galère par rapport à l'emploi depuis le début (alternance chômage, intérim, CDD, CDI illusoires...), malgré un BAC+4 en Lettres Modernes, mais qui ne me sert de rien !
Si, si, en 77, les fées se sont penchées sur une certaine Shakira ;-))
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