mercredi 8 février 2012

Une journée de mouette

Les journées s'assemblent et se ressemblent, parfois...

7h45 : France Inter m'extirpe d'un sommeil en dent de scie. Dommage, je m'étais rendormie à peine 30 minutes avant...
Fulgurant, mon rêve de cette nuit me revient : je négociais une augmentation de salaire avec mon boss chinois... Je n'ai jamais eu de patron chinois, ou peut-être dans une autre vie... Rien ne va plus.

7h55 : je jette un oeil au mercure : - 2°C... Brrr
- Premier réflexe : je me prépare un bon café.

- Deuxième réflexe : j'allume la télé pour suivre les infos. Le JT s'ouvre sur "Le froid persiste". Je me dis qu'on s'en fout, vraiment on s'en fout de la météo. C'est inintéressant, sauf pour les pauvres gens qui dorment dans la rue, tétanisés par ces températures négatives. Je pense au monsieur SDF que je croise quand je prends le métro, installé sur les marches, mais pas toujours là.
Une pensée pour lui...

- Troisième réflexe : j'allume mon ordi Super PC. Sans lui, je suis comme un chirurgien-dentiste doté de deux moignons. Super PC est opérationnel au bout de 20 minutes. Il ne va pas tarder à me lâcher. C'est bien ce que je dis... un dentiste avec deux moignons...

9h00 : je surfe sur tous les sites d'emploi. Je les connais par coeur, je pourrais presque y naviguer les yeux fermés. Je réponds à 1 offre, je croise les doigts, les doigts, les doigtsdoigts...

9h30 :  ma boîte mail est encore vide. Normal, dans mon métier, tout le monde commence à 11h00.

10h00 : allez hop, on ne reste pas en pilou-pilou, c'est anti-glamour. On file sous une bonne douche revigorante aux extraits de pamplemousse et on enfile son pull le plus chaud qui est aussi, souvent, le plus vilain.

10h15-midi : toujours sur internet. Super PC bugge toutes les 30 minutes, il ne chauffe plus, il crache du feu. C'est curieux, un brouillard épais a envahi l'écran... Je le surmonte de deux bottins pour ne pas qu'il implose.

12h20 : c'est jour de marché. Je sors 2 minutes poster un courrier à mon ami Pôle Emploi et me congestionner les pieds.
Je croise des mouettes affolées, pressées de picorer les restes de victuailles. Des mouettes ! Je vis à Paris, pas en Bretagne. J'ai basculé dans une dimension hitchcokienne ...



Vous ne me croyez pas ?

Et ça ?





13h30 : je déjeune devant l'Edition Spéciale. Je me dis que les chroniqueurs ont l'air de s'éclater, d'avoir une super vie...
Je mangerais bien un morceau avec une cop's mais toutes ont la chance d'être au boulot.
Sauf Belinda, piégée par sa hernie discale. Un mois d'arrêt supplémentaire... elle est carapatée chez ses parents, dans une banlieue parisienne tranquille mais sans vie où j'ai grandi aussi.
"La banlieue ?, me demande-t-on parfois. Ne serait-ce pas là-bas que vivent les "ouaiches-ouaiches", sont brûlées les voitures et organisées des tournantes dans des caves, avec des Pitt' ?"
Heu... non, non, pas vraiment...

13h25 : Nicolas Domenach évoque la boulette de Nora Berra. Sur son blog, la Secrétaire d'Etat à la Santé a recommandé aux SDF "d'éviter de sortir de chez eux par ce froid". Voilà voilà, la patate douce que je suis en train de savourer ne passe plus. Plus faim. Je suis écoeurée.
Mais dans quel monde de mouettes vit cette femme ?

Pour la boulette, c'est par icihttp://tempsreel.nouvelobs.com/le-reveil-politique/20120206.OBS0722/avis-de-grand-froid-nora-berra-recommande-aux-sdf-d-eviter-de-sortir-de-chez-eux.html


14h00 : je zappe et j'enchaîne avec Les Feux de l'Amour. Les acteurs sont les mêmes depuis 30 ans. Sauf leur visage cireux et botoxé. Ils me foutent la trouille. C'est pathétique mais je regarde jusqu'à la fin. Sans doute suis-je un peu maso.

15h : je mange du chocolat, je mets en route une lessive.
Ma vie est tout à fait fascinante.

15h30 : c'est bizarre, il y a comme des flaques d'eau dans mon appart'. La machine à laver fuit !!
"J'esponge", j'essore comme une cinglée, et plus j'essore, plus il y a d'eau. Je prie pour que ma voisine du dessous, aux prises avec la boisson, ne soit pas imbibée d'eau... Je pense Dégât des eaux, Assurance.
Quelle journée de m...., de mouettes !

Paniquée, j'appelle Bambou qui me dit de trouver très vite la patte de poulet décédé, caché dans mon appart', pour conjurer le mauvais sort.
J'appelle mon gardien qui appelle le plombier qui, par chance, est dans l'immeuble. Le plombier règle le problème.
Sauvée !

Mon après-midi de chômeuse s'écoule... je nage dans mon univers para-technologique, la souris compulsive. Sites d'infos, FaceBook, envois de CV, relance des agences d'intérim, publications d'annonces pour donner des cours de français... Tout est bon dans le cochon !

20h30 : ma vraie journée commence enfin. C'est souvent l'heure à laquelle je vois mes amis, Mister G, je sors un peu... C'est si bon de retrouver une vie sociale !

Minuit : le mercure affiche toujours négatif.
Je vais faire dodo.
Je pense à cette journée "comme d'hab'", pimentée de quelques variantes, à mon portable resté silencieux. Aucun recruteur chinois ne m'a appelée pour me proposer un job.
Pfff... mes rêves ne sont jamais prémonitoires.

Je pense job épanouissant, salaire fixe, printemps, soleil, été, voyages, semelles rouges, donc, forcément, escarpins Louboutin, mouettes, non... pas mouettes.

Je pense surtout au monsieur SDF que j'ai croisé ce soir, dans le métro.
Et à tous les autres.
Ils n'ont pas vu les mouettes, eux...



1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est vrai que ça paraît très hitchcockien toutes ces mouettes dans Paris. Incroyable !
Mes journées ressemblent aux tiennes (Internet, TV, sites d'emploi, machine...) avec ce téléphone qui reste invariablement et tristement silencieux...sauf que moi je n'ai pas d'amis le soir pour me distraire, juste la routine avec mon mari et mon p'tit garçon. C'est rassurant, mais un peu ennuyeux, parfois. Enfin, c'est sûr, on n'est pas encore à plaindre par rapport aux SDF...LN77