dimanche 25 mars 2012

Echec et mat

En introduisant la clé dans la serrure, j'ai eu un pressentiment.
Ma main hésitante a poussé la porte de mon nid, j'ai traversé le long couloir et je me suis figée dans mon minuscule salon. Mon regard s'est fixé sur le mur immaculé de blanc ; mes yeux se sont agrippés au petit clou esseulé, ridiculement planté dans le mur ridiculement trop blanc, tout à coup trop grand. 
Il avait décroché son affiche de cinéma.
L'immense affiche d'un film de Hitchcock posée dans un cadre rouge. Une affiche originale.
Mon cœur s'est serré et j'ai eu mal.
Dans la chambre, l'armoire Ikéa m'attendait. Je ne l'ai pas ouverte. Je savais qu'il avait aussi emporté ses vêtements. 

Le vide tout entier m'a envahie. 
J'ai vacillé, j'ai dû m'asseoir pour constater l'étendue des dégâts. J'ai balayé le salon d'un coup d'œil rapide. Les caisses de vin transformées en bibliothèque, le vase attendant désespérément son bouquet, trônant sur la petite table ovale, tout était à sa place, rangé dans un joyeux bordel organisé. 
Et ma vie ressemblait à un foutu champ de bataille. Il suffisait donc de quelques minutes pour qu'un pan de ma vie disparaisse.
Plus de boulot, plus d'Amour. Deux ruptures provoquées quasi au même moment, par une tornade de la vie.

Deux ans ont passé.
Déjà.
J'ai repeint mon nid et changé les meubles.
J'ai ôté le clou, bouché le trou.
Le mur est resté blanc.



Qu'elle touche notre coeur, notre vie professionnelle ou familiale, une décision n'est jamais facile à prendre.
Faire un choix, c'est toujours se demander s'il sera le bon, s'il rétablira la trajectoire dans l'axe, si tout s'arrangera.
Avec, au fond, ce doute : est-ce que je prends la bonne décision ? 
Comment savoir ? Sauter le pas, faire le grand saut pour rejoindre cette nouvelle inconnue qui fera que plus rien ne sera comme avant, bouscule nos habitudes, nous fait douter, et peut nous effrayer. 

Il nous arrive parfois de prendre rendez-vous pour un face à face avec notre solitude. Car même si nous sommes entourés, même si nous possédons ce que d'autres rêvent d'avoir, nous pouvons nous sentir seul.

Nous vivons tous de mauvaises passades. Mais tout finit toujours par s'arranger, n'est-ce pas ?

Nous courons tous après quelque chose, un quelque chose qui peut paraître insaisissable.
Alors qu'il suffirait de regarder nos propres petits trésors et de composer avec. Et de se rappeler chaque jour que nous avons aussi de la chance, et peu importe que cette chance soit moins grande que celle du voisin...

Je cours aussi après quelque chose...
Il m'arrive de rêver un peu trop fort, de rêver à la vie avec un grand V, de rêver à sortir de l'impasse, à abattre ce mur qui me fait face depuis quelques temps.

Je rêve de clarté et d'une route sereine et dégagée, peuplée de cerisiers japonais, mon arbre préféré.
Je rêve d'un été indien qui empièterait sur l'automne et l'hiver pour durer, durer, durer.

J'ai 34 ans, toutes mes belles dents, je respire la santé.
J'ai perdu mon job.
Je suis entourée, ma famille et mes amis sont mon filet de sécurité.
L'amour avec un grand A a foutu le camp.
Je dois prendre une décision en me demandant si elle sera la bonne.
Pas d'enfants, pas de famille à construire.
Mon présent n'est pas noir mais pas jojo non plus.
Et quand je pense au futur, j'ai un peu la trouille.

C'est dimanche soir, nous sommes passés à l'heure d'été. Quelle chance !
Il est presque minuit.
Je me sens Echec et mat.

Je me sens éperdument seule.
La vie n'est pas toujours douce.
Ce sont des choses qui arrivent.
Et qui passent, heureusement...






2 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Miss,
Moi aussi, "échec et mat" et je me sens bien seule. Ma mission intérim n'a pas été renouvelée. La personne que je devais remplacer m'a prise en grippe...Je ne sais pas pourquoi elle se sentait en rivalité avec moi...Je n'avais pas besoin d'un nouvel échec ni d'un autre rejet. Je me retrouve à la case départ, au chômage, chez moi avec mon petit de 21 mois. J'ai eu bcp de poisse, je pensais que la roue allait tourner...J'ai eu une fausse joie. Je me sens humiliée, rabaissée, moins que rien, avec un terrible sentiment d'injustice. Moi aussi, j'ai peur de l'avenir. Peur de ne plus trouver du boulot, qu'on ne veuille plus me laisser ma chance (notamment la boîte intérim qui me proposait des missions dont certaines ne se sont déjà pas tjs bien passées...) ou de tomber encore dans des endroits où ça ne va pas. Je n'ai plus de nourrice, donc dur de retrouver du travail dans ces conditions.
La vie s'acharne encore sur nous. Combien de temps cette mauvaise passe va-t-elle encore durer !
Heureusement quand même qu'il fait beau. Le moral serait pire s'il pleuvait et ventait. Ca permet de sortir au lieu de rester enfermé chez soi.
Courage à toi. Si j'habitais plus près, je viendrais te voir et on se raconterait nos malheurs...
Continue d'écrire, moi je continue de te lire.
Bises et courage. Il faut s'accrocher pour les gens qui tiennent à nous. Moi, c'est mon garde-fou.
LN77

La comtesse de Ségur a dit…

Hello chère LN77,

Je suis navrée pour ta mission intérim, et comme je comprends ta déception et les sentiments qui te traversent... Mais la roue tourne toujours ! Peut-être que les difficultés sont des passages pour nous faire bifurquer, changer de chemin, nous interroger sur ce qu'on veut ou ce qu'on ne veut plus... Tout s'arrange toujours, parfois ça prend plus de temps que prévu !
Il fait beau, c'est le début du printemps et puis tu as ton petit bout de chou et ça, c'est le plus beau des rayons de soleil.
Je continuerai d'écrire, merci de me lire, merci pour tes mots réconfortants ;...
A mon tour de te souhaiter courage, force (ne te dévalorise pas !) et sourire, car il est essentiel de le conserver !

Belle journée et à très vite pour de nouvelles aventures