samedi 26 mai 2012

L'été en pente douce

L'avantage, quand on est au chômage, c'est qu'on a aussi tout son temps pour sélectionner quelques séquences qui insufflent des envies d'évasion, de sourires, de gourmandises, de bonne humeur, d'amour, de légèreté, de farniente, de croquer l'été !

Bon week-end à toutes et à tous !
Et déconnectez...























mardi 22 mai 2012

Et ça continue, encore et encore

Oh, mais que vois-je ! Une longue belle série de réponses toutes plus négatives les unes que les autres !
Je m'en ferais bien un fashion chapelet... 


J'ai beau maintenir le fil effiloché d'une communication avec le monde du Travail, rien à faire...
Mes journées ressemblent à une vieille Dodoche dont la boite de vitesse n'arriverait plus à passer la seconde.
Les amis : je cale !!


- Après France 5 qui me précise que son émission "X" ne recrute que des journalistes sachant manier la caméra et des stagiaires pour son site internet.


(Entre nous, j'ai déjà filmé des mariages, des communions, des bar-mitzvah, des goûters arméniens, des vacances en Sicile...)


- Après Gibert Joseph, pour le poste de vendeur libraire, qui me répond :


"Bonjour,
Votre candidature au poste proposé par Gibert Joseph a bien été prise en
compte, et nous vous remercions de l’intérêt que vous portez à notre
entreprise.
Si un entretien devait faire suite à votre acte de candidature, nous vous le
ferons savoir afin de fixer une date."



Aucune réponse à ce jour.


(Pour avoir aidé Papounet à vendre des DVD dans son magasin pendant toutes mes vacances scolaires, y compris le samedi et le dimanche, je sais que je suis une bonne vendeuse au sourire contagieux).


- Après le cabinet du Maire de Paris à qui j'ai proposé ma plume pour son site internet et qui m'a offert une réponse "copier-coller" vers un lien internet : "Pour vous inscrire aux concours administratifs, c'est par ici..."
(Est-il nécessaire de passer un concours pour écrire des articles sur la vie des quartiers parisiens ?)

- Et après la réponse, samedi, à ma candidature spontanée pour un site et une radio Santé diffusée sur le Net :


"Madame,
Merci pour l'intérêt que vous portez à  nos différents média. Je suis au
regret de vous dire que nous ne cherchons pas pour l'instant de nouveaux
collaborateurs, et que dans le cas ou nous le ferions dans les 6 mois qui
viennent nous souhaitons un profil " médecin".
Je vous souhaite bonne chance."



La chance, la bonne chance, oui, où est-elle ?



Je suis perplexe, je m'interroge : faudrait-il que j'endosse les multicasquettes de médecin-cameraman-stagiaire-trilingue-vendeuse pour obtenir le job ?


Un diplôme de Saut en parachute en blouse blanche serait-il un Plus sur le chemin du retour à l'emploi ?



A votre avis ?







mardi 15 mai 2012

Revenons à la cueillette !

La Bretagne, ça me gagne !

Une chômeuse au salon du livre - Acte 2 : après le Salon du livre de Paris, j'ai été invitée à participer à un salon du livre Santé à Lorient, au coeur de Ploemeur, un mignon bourg de 20 000 habitants. 
Ces choses là n'arrivant pas souvent, j'ai dit Yes !

Samedi, levée 6 heures pour prendre mon petit train, accompagnée de Biquette que j'ai embarquée avec moi. 
C'est au cours d'une soirée sur le thème "vignes et vendanges", en regardant ma tendre amie déverser l'incompréhension de sa rupture amoureuse dans quelques verres de vin, que j'ai pensé qu'un grand bol d'air marin iodé dégagerait autant son minois que sa sphère ORL encombrés de larmes.

C'est donc un être étrange, couleur Casimir, qui m'a accompagnée dans cette belle aventure, lâchant les tensions accumulées en dormant tout le long du trajet.

Biquette en flagrant délit de sommeil

Arrivées à Vannes, nous sommes cueillies par le staff de l'association des libraires indépendants, au sourire aussi immense que le soleil breton !
Et oui, il fait beau aussi en Bretagne.


Direction l'hôtel pour poser nos bagages avant de rejoindre la salle des fêtes pour déjeuner.
Nous sommes une petite quinzaine conviale autour d'une table en U, j'ai l'impression d'être à un mariage.
A sa gauche, Biquette côtoie le grand et adorable pédopsychiatre Aldo Naouri, mais elle ne le sait pas encore.
Elle s'amuse à lui montrer son nouveau joujou : sa tablette Samsung, un hybride de portable entre l'IPhone et l'Ipad.
Ils s'amusent comme deux enfants qui découvriraient une boîte de Légo futuriste.

Ma digestion se termine sur mon stand avant que vienne mon tour de faire mes ateliers conférences sur le Bien manger.
Miam miam.
Je l'avoue, j'ai eu le trac, il s'agissait de ma toute première conférence, moi avec un petit micro et des pairs d'yeux me scrutant, attendant ma bonne parole.

Et je me suis lancée, et tout s'est tellement bien passé !
Public adorable, organisateurs du salon d'une bienveillance rare.



Clap de fin.
Une habitante de Ploemeur s'approche de moi, nous papotons, comme je n'ai aucun moyen de locomotion, elle propose de me conduire voir la mer à quelques kilomètres du salon, pour rejoindre Biquette, partie à petons visiter les alentours.
J'ai regardé la gentille dame avec les yeux d'un Chat-Shrek, me demandant si elle plaisantait.
Parisiens, prenons de la graine de cette hospitalité en voie de disparition !

J'ai retrouvé Biquette assise sur un banc, les pieds en sang à force d'avoir marché 10 kilomètres avec ses ballerines de Parisienne.
En guise de récompense, elle m'a tendu mon premier goûter : le kouign-aman, vous savez, cette spécialité locale à base de beurre, de beurre et encore de beurre, des kilos de beurre breton enfermés dans les quelques grammes de cette douceur endiablée. J'ai fondu...

Douceurs aux airs inoffensifs, explosifs en beurre !

Nous avons miré la plage de l'Anse de Stole, prenant un shoot d'air marin qui nous a fait limite tout drôle, limite enivrées. A force de jouer les "parisiennes à la plage", nous avons fini par louper notre bus. Normal, nous ne sommes pas à Paris, dès 19 h les transports se mettent en stand-by.


Rien ne nous effraie, retour à l'hôtel à pied, à travers des sentiers perdus et une nature couleur chlorophylle, sans l'ombre d'un humain à l'horizon. Mamma Mia ! Que c'est bon !
6 km d'une marche rapide, ça use ça use, surtout les petons ampoulés de Biquette, enroulés comme une momie dans des bandelettes de sparadraps. Je vous le confirme : les kilos de beurre engloutis furent éliminés vite fait bien fait.



Nous sommes arrivées en sueur, pile poil au moment de sauter dans la voiture du staff, pour longer des plages incroyables à l'état brut, nous faire flasher par un merveilleux coucher de soleil et rejoindre un restaurant dominant l'océan.

Chemin sauvage menant à Guidel

Le dîner fut servi sous le signe du végétarisme.

- C'est quoi au juste ?, me demande Biquette, affamée.
- Pas de viande, juste du poisson et des légumes.


A ce moment précis de ma réponse, un fumet alléchant de pizza prend possession du restaurant.
Biquette, qui avait perdu l'appétit, me regarde, suppliante, de ses yeux salivant.

A ma droite se tient un des conférenciers, une quarantaine d'années, gentil comme tout.
Il m'explique qu'il se délecte exclusivement de fruits, de légumes, de plantes, de baies sauvages et de grains grains (pourquoi pas), que manger un kouign-aman le soir lui fait le même effet "gueule de bois" au réveil qu'une cuite au vin rouge (ah bon ?).
Biquette n'est pas certaine de tout bien saisir, elle qui n'a qu'une envie : s'empiffrer de chips et d'une pizza, et siroter un coup !

Elle me chuchote :

- Et bah il est gratiné !

Je lui susurre :

- Au moins à 280°C, pendant 1 heure au four...

Le jeune homme nous dit être en pleine forme, je lui trouve le teint plutôt jaunâtre, une tension à moins 2, un entrain éteint, des éclats de rire difficiles à se mettre en marche, un corps presque fragile.
Le végétalisme ne rendrait-il pas légèrement triste ?

Il ne parle que de jeûne, de l'action des aliments sur le corps, les organes, de sa vitalité.
Soudain, je l'entends me dire qu'il part souvent en cueillette pour trouver des plantes sauvages et s'en nourrir. Vous savez, la cueillette, promenons-nous dans les bois.
Et là, j'ai eu un flash. Je vous l'avoue, je l'ai imaginé courant nu dans un immense champ, à ramasser des pâquerettes... J'ai réprimé un fou-rire.

Moi l'épicurienne, je ne comprends pas tout à fait cette façon ascète de vivre. Mais bon, pourquoi pas. Tous les goûts sont dans la nature, y compris dans la cueillette !

La fin de soirée s'est déroulée dans une ambiance bon enfant, Biquette et moi avons ri à nous en décrocher la mâchoire.
Et lorsque nos corps ont touché le matelas, nous nous sommes écroulées, balayant l'insomnie, plongeant dans un sommeil de plomb exquis.

Dimanche, retour au salon pour échanger avec les Ploemeurois avant de partir à l'assaut de la région. Le hic : ni bus, ni vélo ni voiture à notre disposition. 
Une consoeur du salon se propose alors de nous prêter son Espace gris Citroën.
J'hallucine sur la confiance qu'elle nous accorde.
Serions-nous dans le monde des Bisounours ?

En avant toute ! Direction la plage pour savourer un déjeuner face à la mer.
Quitter la grisaille et l'anonymat de Paris pour plonger dans un ciel couleur marine et une vague de chaleur humaine, nous avons cru rêver éveillées.

Imaginez Ploemeur... des kilomètres de cotes sauvages, des placettes charmantes accueillant de gourmands marchés, des champs d'un vert puissant à perte de vue, de belles maisons aux toits d'ardoise, des habitants à la gentillesse hors-norme, des balades en bord de mer à fouler le sable scintillant et à mirer les beaux bateaux alanguis sur l'eau, une Bretagne si belle qui préserve farouchement sa nature et son authenticité.


Les rencontres furent belles, touchantes, enrichissantes.
Déconnection totale, sans portable, sans ordinateur, sans télé.
Rien d'ostentatoire, juste un retour à l'authenticité, à la vraie réalité.

Il y a bien eu un avant et un après Ploemeur.

L'avant était plutôt gris souris, les estomacs noués et les sommeils en vrac.
L'après est couleur locale, d'un bleu infini teinté d'espoir et de paillettes étoilées, nos nez et nos fronts aussi rouges qu'un phare breton, le coeur gonflé à bloc, les sourires jusqu'aux oreilles et les estomacs bien remplis, cure de kouign-aman oblige !
Même Biquette, qui n'aime pas le sucré, a bien failli se transformer en kouign-aman géant.

Dimanche soir, tandis que le TGV nous ramenait dans notre Paris fulgurante, nous avons repensé à ces deux jours magiques, nous disant que tout devrait être aussi simple et sincère dans notre vie de tous les jours.

Avant de conclure que cette simplicité, bienveillante et rassérénante, c'est un peu comme la cueillette,  façon d'antan la plus simple et humble de nous nourrir, pourtant disparue.

Alors, ne serait-il pas grand temps de revenir à la cueillette ? ! ;)


vendredi 11 mai 2012

A coeur ouvert

Quoi de neuf en ce moment ?
Belinda s'est quasi débarrassée de son alien hernie, a retrouvé le moral et se plaît bien dans sa nouvelle vie de célibataire parisienne.
Biquette n'a pas une forme olympique puisqu'en pleine digestion de sa récente déception sentimentale. Le coup de massue est tombé sur sa rousse chevelure sans prévenir.
Il existe des sirènes d'ambulance retentissantes pour prévenir qu'une personne est blessée.
Mais aucune sirène pour un coeur amoché, le chagrin est silencieux, malgré les dommages intérieurs qu'il engendre...
Bambou, ma foi, se porte comme un charme malgré l'ennui mortel de son travail qui la tourneboule.

De mon côté ?
Je passe mon tour pour cette fois... La valda n'a pas encore atteint la trachée. Elle n'est donc pas prête de sortir de mes lèvres salées.

Je vous dirais que l'herbe n'est toujours pas verte, le ciel pas vraiment bleu, la vague à l'âme, mes CV demeurent lettre morte (celui adressé à Gibert Joseph pour devenir vendeuse libraire passera-t-il le mur de l'emploi ? Aaahhh suspens!!), l'aide au logement vient de mettre refusée et même Papounet peine à me poser la sempiternelle question : "Alors, toujours pas de job ?"
Non, non toujours pas. La terre entière le saurait, sinon.

Et pour vous ?

Seule ma journée de samedi me traverse l'esprit.
Sous une pluie torrentielle, j'ai couru m'abriter dans un temple bouddhiste niché dans le grand bois non loin de chez moi.
On y célébrait la fête du bouddhisme. Je ne suis pas vraiment croyante mais yoga addict' oblige et parce que je manque de peps vitaminés ces derniers temps, mes petits chakras m'ont convaincue d'y faire un saut.
Bien entendu, j'ai traîné Belinda et Bambou dans cette drôle d'aventure.

Foule il y avait ! Un Bouddha géant tout d'or vêtu trônant au milieu de l'immense temple nous a accueillies ruisselantes.
Bouddha encerclé par mille et une fleurs et des moines Bouddhistes psalmodiant d'étranges chants apaisants.
L'un d'entre eux parlait d'équilibre, de tolérance, de paix, de sérénité et d'empathie.
Sa voix était douce, sage, réconfortante.
Aussi suave que les chants qui ont suivi, mêlés au retentissement hypnotique et vibrant du bol tibétain.
Je vous rassure, rien de mystique ni de sectaire dans cette célébration particulière, juste une fête aux antipodes de notre culture et de nos croyances occidentales !



Je me suis assise en tailleur, j'ai fermé les yeux et j'ai laissé les voix virevoltant dans l'air chargé de douceur me bercer.
J'ai chassé chaque image venant envahir mon esprit pour faire le vide, y compris le subit fou-rire de Bambou dont les subtils tressautements corporels donnaient l'impression qu'elle entrait en transe.

Depuis ce jour, les filles et moi repensons à cette notion d'empathie, cette capacité à se mettre à la place de l'autre et à ressentir ses émotions.
L'empathie comme une forme d'intuition, une inconditionnelle écoute, une aventure à la rencontre et à la découverte de l'autre pour prendre soin de lui, toujours.
L'empathie, ne serait-ce pas finalement ouvrir son coeur, un coeur sincère, apaisé et aimant, sans arrière-pensées, dénué de charges négatives, sans rien attendre et sans craindre d'avoir mal en retour ?
Donner un peu de soi, chaque seconde qui passe...

Un coeur serait comme une fleur fragile à arroser tous les jours pour ne pas qu'il s'assèche et soit de marbre, comme taillé dans la roche.

Finalement, je m'interroge : savons-nous vraiment ouvrir nos petits coeurs ?

Pensée du soir
Espoir ;)








jeudi 3 mai 2012

J'ai fait un rêve

De là où je suis, le bleu de la mer me fait face et m'encercle.
Bali, la Corse, St Barth, l'île aux moines, Capri... Peu importe l'endroit.

Ma chambre d'hôtel est petite et proprette. Le parquet suranné grince sous mes pas et embaume la cire fraîche. Un vieux bureau d'écolier m'a accueillie quand j'ai poussé la lourde porte en chêne. Ainsi qu'un bouquet d'hibiscus et de fleurs des champs arrangé dans un soliflore en étain. J'ai souri.
Je l'ai méritée, cette chambre simple et coquette. Il m'a fallu partir à l'assaut du dernier hôtel perché tout en haut d'une impasse biscornue.
Ma chambre donne sur un balcon minuscule embaumant le jasmin, agrémenté d'une table et d'une chaise de jardin en fer forgé, offrant une vue imprenable sur l'océan. Quelle chance !

C'est la fin de journée et le soleil décline, laissant à la clarté orangée du ciel un sursis d'existence.
Je m'approche doucement du balcon contre lequel je m'appuie pour prendre une ample inspiration et emmagasiner les embruns du bonheur.
Je scrute l'océan infini, hypnotisée, me demandant combien de secrets a-t-il bien pu emporter avec lui.
Nous avons tous des secrets. J'en ai quelques-uns que je préserve farouchement.


Je suis donc partie. Pffft... comme ça, une poudre d'escampette, sur un coup de tête, comme une adolescente en fugue.
Je n'ai jamais fugué ni fait tourner mes parents en bourrique.
J'ai toujours été une fifille bien sage, jamais un mot plus haut que l'autre malgré mon petit caractère affirmé, jamais une remarque déplaisante, toujours à l'écoute et compréhensive, jamais dans le jugement.
Ai-je fait quelques bêtises ? Heu... à part voler un oignon et un camembert dissimulés dans mon Defelcote, je ne vois pas.

Ca m'a pris sans réfléchir, comme un bug d'ordinateur qui ferait disparaître tous les petits dossiers enregistrés avec soin depuis des mois.

J'ai ouvert ma grande armoire Ikéa que je ne peux plus voir en peinture, j'ai réfléchi à ce que je pouvais emporter. Pas grand chose dans mon petit sac, des hauts colorés surtout, pour partir légère et de bonne humeur.

J'ai regardé mon compte en banque à - 400, j'ai fait comme si tout allait pour le mieux. J'ai bifurqué vers mes économies et dans un bref éclair d'absence de lucidité, j'ai décidé de taper dedans, telle une petite souris grignotant les miettes d'un gruyère.
J'ai réservé les billets et je suis partie sans me retourner. Je sentais que chaque pas vers l'inconnu me délestait de mes petits cailloux.

Les doux chuintements de la mer parviennent jusqu'à ma chambre.
Je suis allongée, comme en apesanteur, un vent léger vient soulever les rideaux en lin beige virevoltant dans le vide.
Bercée.
Je ne pense plus à cet infernal sentiment d'inutilité dans cette étrange société, de ne plus avoir du tout envie de travailler. Merci qui ?

Je crois que je me suis endormie, vaincue par le discret fracas des vagues.
En me réveillant, il faisait nuit mais pas noir. Une petite bougie veillait sur moi, renvoyant en ombres chinoises ses comètes de lueurs dansantes sur le mur ocre.

J'ai dû rêver. Oui, j'ai rêvé. Je m'en souviens.
J'ai rêvé de ce jour où tout a commencé.
C'est un dimanche de fin novembre. Il fait gris, j'ai le cheveu gras et le moral d'un dimanche hivernal. A cette époque, j'ai la chance d'être en CDD et je suis fraîchement célibataire.
Je retrouve mon frère en fin d'après-midi pour finir en beauté cette journée sans intérêt.
Et puis Mister G nous rejoint. Il était ami avec mon frère.
Comme à chaque fois que Mister G apparaît dans mon champ de vision, une seule pensée parasite mon esprit : "oh non, encore lui !". Allez savoir...

Dans mon rêve, Mister G et moi avons dansé toute la nuit, enlacés par des musiques entraînantes et des baisers passionnés. Ce soir-là, j'ai fait connaissance avec sa peau si douce, ses lèvres confondues aux miennes.

Dans mon rêve, j'étais sur un bateau amarrant et je ne voyais que lui, attendant de me cueillir sur le port nocturne, nimbé de sa lumineuse aura, dans son impeccable chemise blanche tranchant avec sa peau burinée par le soleil des îles. Je le vois, lui et son sourire heureux, je vais pouvoir le toucher et mes poumons se déploient amplement.

Il y avait aussi d'immenses plages sauvages de sable blanc, des lagons des Caraïbes dans lesquels je plongeais à gorge déployée, confiante et halée ; d'interminables routes de montagnes Corses, des tentes plantées au milieu de la garrigue et des oliviers centenaires pour abriter nos nuits d'amour étoilées.
Et encore des vignes à perte de vue, des saucisses lyonnaises pendues au dessus de notre couche (étrange, je sais...), des rires de connivence, des promenades en vélo surplombant des horizons de mer confondus à l'azur du ciel, de grandes routes lumineuses et des bains de soleil mordant notre peau, des tourbillons de vie et d'amour à donner le tournis, à en perdre le fil de l'équilibre, un gouffre vertigineux de plaisir.

Dans mon rêve, des papillons auréolés d'un halo scintillant se posaient tel un délicat flocon de nuage au creux de ma main, petits papillons virevoltant autour de moi et en moi... Vous savez, ces papillons qui s'agitent dans le ventre lorsque l'être aimé s'imprime dans votre rétine et votre coeur pour ne plus s'y déloger.

Après, je ne sais plus, je me suis éveillée.

Le murmure du village et les cliquetis du port parviennent jusqu'à moi. J'ai faim, le voyage m'a creusée.
Je vais descendre grignoter un bout avant de partir fouler le sable, sentir ses grains microscopiques procéder à un exquis massage de ma voûte plantaire.
Quelle heure est-il ?
Je n'ai pas emporté ma montre, peu importe. Parfois, il est bon de suspendre le temps.
De s'accorder une parenthèse.
Pendant laquelle le songe et la réalité se confondent.