lundi 27 février 2012

Comme un lundi

Votre week-end a été bon ?

De mon côté, et bien...
Samedi soir fut une "Soirée Cholestérol" chez Belinda qui a voulu fêter son semi-emménagement, sa nouvelle vie de Parisienne, son nouvel appart' mimi cosy. 
"Semi-emménagement" car Belinda, toujours sous le choc de son alien Hernie Discale, habite encore chez ses parents.
"Soirée Cholestérol" car nous étions un petit comité pour une quantité gargantuesque d'amandes grillées, de tarte au gorgonzola, de charcuterie corse, de fromages bien de chez nous, bien coulants de nos régions, et autres victuailles bourrées de lipides.

La soirée a débuté par un atelier Beurek, organisé par notre ami Mimi.
Mimi et moi avons les mêmes origines : mi-arménienne, mi-limousine. 
Mimi est un fin cuisinier des produits du terroir et, contrairement à moi, un spécialiste de la cuisine arménienne.

Vous l'aurez compris, le Beurek est une spécialité arménienne ; il revêt la forme alléchante d'un délicieux triangle croustillant renfermant un coeur moelleux persillé de fromage arménien. Le secret de sa réussite ? L'incroyable quantité de beurre liquide venant l'arroser avant de le faire dorer au four...

Autant dire qu'une seule bouchée vous tombe directement sur le popotin et les hanches, mais quand le Beurek est réussi, il mène les papilles au nirvana.

Ami Beurek sorti du four, prêt à être dévorer.

Puis les lumières ont peu à peu décliné, nous avons déhanché nos corps endiablés sous le regard horizontal de Belinda, encore un peu affaiblie, immobilisée dans le canapé, et celui de Bouddha, bienveillant.





Dimanche, flânerie matinale près du Canal St Martin. Si l'on pousse plus loin sa curiosité, on découvre un havre de paix aux allures bucolique et provençale... Ce havre abrite une placette, un joli petit marché qui tient sur la longueur d'un seul trottoir et fait face à un bistrot d'angle charmant, où il fait bon déguster un ristretto, feuilleter son journal, humer la tranquillité des gens et constater que le dimanche est une invitation à suspendre le temps et à la rêverie.





Trêve de flânerie romantique.
Aujourd'hui, lundi, j'avais rendez-vous à 14 h dans une agence spécialisée dans le recrutement d'hôtesses d'accueil.
En attendant d'être journaliste à plein temps, je me suis inscrite dans cette agence pour arrondir mes fins de mois, m'aérer un peu l'esprit et ne plus manger que des patates vapeur, à l'eau, gratinées, bref des patates...

Les consignes de cette cession de recrutement étaient formelles : se présenter en tailleur-escarpins, cheveux attachés, bijoux et maquillage discrets. C'est certain, je n'allais pas arriver pomponnée comme un sapin de Noël.
Je n'ai ni veste de tailleur ni escarpins... même pas dans mon armoire regorgeant de fringues qui datent de Mathusalem. Si j'adore la mode, la mode, la mode, en ce moment, le shopping a déserté mon agenda. La faute à qui qui ? A un porte-monnaie au trou béant. 

Et puis, j'ai une confidence futile à vous faire. Côté escarpins, je ne rêve que d'une paire, une seule et aucune autre, celle aux semelles rouges, celle qui fait la démarche altière et aérienne, le comble de l'insolente féminité, j'ai nommé l'Escarpin Louboutin :



Un jour... mon compte en banque se damnera pour lui, mes petons épouseront ces merveilles.
En attendant, j'ai enfilé les chaussures à talons Repetto et la veste Smok', respectivement prêtées par Belinda et Bambou.
Merci, fidèles amies !  Grâce à vous, j'étais chic et choc pour mon rendez-vous.




L'entretien de 2 heures s'est déroulé tranquillou. Nous étions une dizaine autour d'une table, à remplir un questionnaire, imprégner nos rétines de quelques diapos sans intérêt et nous présenter.

En rentrant, j'ai reçu l'agréable coup de fil d'une conseillère Pôle Emploi qui m'annonce :
que mon dossier est bouclé,
tout est rentré dans l'ordre,
mon ASS est annulée,
mes droits ont été recalculés,
et mon allocation chômage court pendant encore... un an !
Un an, vous rendez-vous compte ?
Comme quoi, il faut toujours se battre, ne jamais lâcher, ne jamais perdre confiance...

Je vais pouvoir souffler, respirer, dormir, retrouver ma sérénité d'antan pour me remettre en quête d'un poste de journaliste.

Il est 21h04, le parfum ensoleillé de ma ratatouille embaume mon nid...
Il est l'heure de dîner...

Je pense très fort qu'il faut croire, toujours, en des jours meilleurs.
Que ces jours emprunts de réjouissances se présentent toujours à nous, à un moment ou un autre.
Qu'en les attendant, il ne faut pas désespérer et maintenir la petite étincelle, celle que nous avons tous au fond de notre être et qui se nomme... l'Espoir.







vendredi 24 février 2012

Grignoteurs de cellulite

L'aube des beaux jours commence à empiéter sur les trop longues nuits de l'hiver.
Les matins sont d'une luminosité plus chaude.
Les réveils plus doux.
La bonne humeur intacte.
Les coeurs gonflés d'envies.

Le radio-réveil devient inutile. Les premières lueurs ont filtré les rideaux de velours rouge et m'ont réveillée comme une caresse.
Je me suis étirée et j'ai sauté du lit pour me préparer puis monter sur mon vélo.
Les cheveux au vent printanier, j'ai roulé à vive allure.
Direction : Pôle Emploi où une conseillère en haut lieu m'avait conviée pour faire un point.

Depuis ma missive de mécontentement adressée au médiateur national, la situation prend une toute autre tournure.




Le parcours Maison/Pôle me prend 10 minutes.

La jeune femme me reçoit dans son bureau chaleureux.
Elle est sympathique, elle dégage de bonnes ondes, je me sens bien, je m'enfoncerais presque dans le fauteuil couleur "Service administratif", couleur bleu roi.
Bienveillante, elle retrace le parcours de mon dossier, accepte les attestations employeurs refusées depuis des semaines, même les photocopies, mêmes celles qui sont raturées et ne s'habillent pas de signatures et de tampons. Elle n'en a que faire, elle est conciliante, à l'écoute, c'est un amour !
Je soupçonne le médiateur national d'être derrière ce subit revirement.

Le dossier est clos, j'aurai une réponse définitive lundi prochain, je la remercie. Tout le monde devrait tomber sur elle pour le bien de ses chakras.
Je m'apprête à la saluer et à partir quand...
soudain...

Soudain, la jeune femme aux cheveux bruns relevés en un subtile chignon évanescent s'arrête sur mon ASS de 8 euros et des poussières d'étoiles.
Dans un long battement, ces cils se lèvent vers moi, le silence est d'or avant que sa voix zen ne vienne le rompre d'un incroyable :

"ILS se sont trompés. Vous ne devez pas toucher 8 euros d'ASS mais 15,63 euros journaliers".


Soit l'équivalent du RSA.

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Aucun conseiller n'a su rectifier cette modique somme fourrée sous leur nez, tous m'ont servi des explications fumeuses et des "je ne peux rien faire".
Mouette, mouette, mouette alors !!!!

Les ongles soignés et parfaitement rouges de la jeune femme pianotent sur le clavier. En une seconde, ma situation ASS est bouclée... après plus d'une heure dans son bureau et un mois d'allers-retours à Pôle.

J'enfourche mon vélo pour me rendre à la CAF, service Insertion. Je veux absolument délivrer la bonne attestation ASS pour régulariser ma demande de RSA et d'aide au logement.

Mon portable vibre. C'est Mamounette. Je suis obligée de décrocher sinon, en bonne maman arménienne-bileuse qu'elle est, Mamounette va étioler son capital sommeil déjà bien entamé.
Je lui explique, j'entends ses "hum hum" stressés et son énième "j'espère vraiment que tu vas retrouver un travail" (non, non pas moi, je t'assure Mamounette, j'adore pédaler dans la choucroute).
Je sens son angoisse traverser le périphérique et les lignes téléphoniques, j'abrège, je la rassure et je raccroche. Je t'aime, je t'adore Mamounette, mais impossible à cet instant de prendre tes craintes sur mes épaules déjà lourdes.


Le parcours Pole Emploi/CAF me prend 15 minutes.

Un gentil monsieur me reçoit et me dit que non, non, non, ce n'est pas ici mais au siège de la CAF.
Je fais crisser les fines roues de mon vélo, demi-tour, à l'assaut de la CAF !
Je m'engage dans les voies de bus, je me faufile entre les voitures effrénées, je traverse des ponts solides et fiers, j'admire la Seine qui s'écoule avec langueur, j'admire Paris... Comme elle est belle.


Le parcours CAF Insertion/Siège de la CAF me prend 20 minutes.

J'arrive au sinistre siège de la CAF et me pose comme un pion supplémentaire dans la longue file d'attente. Il y a des jeunes et des moins jeunes, la présence d'une dame âgée me frappe, certains sont hagards, d'autres hurlent dans leur portable ou se débattent avec eux-mêmes pour comprendre notre langue.
Dans mon dos, un garçon ne cesse de jurer, impatient. Je retire ma doudoune, faire du vélo m'a donné très chaud, j'ai l'impression qu'il fait 40 °C.
Mon portable vibre. C'est Bambou qui m'envoie sa nouvelle coupe de cheveux en photo. Elle sort d'une grippe (ni A ni aviaire) et avait grand besoin de se refaire la frimousse. C'est réussi, elle ressemble à Winona Ryder.

Enfin, après 30 minutes d'attente, c'est mon tour. Mon cas prend 1 minute.
Je repars sur mon vélo, laissant derrière moi le bâtiment suranné aux murs sombres et fissurés, abritant les âmes en peine.

Le parcours Siège de la CAF/Maison me prend 20 minutes.

J'arrive chez moi le feu aux joues et la peau moite.
Je remonte mon jean slim qui tombe un chouia et ne colle plus vraiment à mon corps.
Mon portable vibre de nouveau. C'est Mister G. Je décroche et je l'entends chantonner d'une voix de canard de dessin-animé des "coincoincoincoincoin" à tout va.
Le Sicilien me déclenche un fou-rire spasmodique.

Au total :

- J'ai pédalé plus d'une heure à un rythme soutenu. Le sport, c'est bon pour la santé !

- 1 heure de vélo = 360 à 900 calories brûlées, soit 3 fois plus qu'une heure de marche.

- J'ai donc largement éliminé les 3 Nonnettes au cassis du goûter et les pâtes au roquefort aspirées hier soir en compagnie de Mister G.

- En 1 mois, je me rends compte que tous ces va-et-vient Maison/Pôle m'ont fait perdre 1,5 kg.

Conclusion :

- Pôle Emploi et la CAF sont des petits gloutons de capitons, grignoteurs de cellulite et de kilos.
A côté, les régimes et les crèmes amincissantes, c'est de la gnognotte.
A condition d'y adhérer à pied, en vélo ou à cheval, et régulièrement.

- Grâce à eux, je fais du sport et j'entretiens ma ligne.

Si tout ce cinéma marathonien continue, finirais-je comme Elle ?

Elle Macpherson, dit The Body 

J'ai enfin réglé le gros du problème et ôté l'os de la moulinette.
Soulagée, la Comtesse.
Toutefois, j'ai perdu ma matinée (8h-14h) à régler les erreurs de Pôle (pour ne pas dire un mois), et un temps précieux normalement consacré à trouver un job.
Bravo Pôle ! Merci Pôle !

Du coup, j'ai pris mon après-midi. A ne rien faire. A me vautrer dans le canapé, entre lecture, écriture et zapette.
A attendre que mon vendredi soir commence sans savoir ce qui m'attend...

Je vous abandonne.
Pressée de découvrir les surprises de cette fin de journée.





















mercredi 22 février 2012

Dr CAC à la rescousse !

Je n'ai pu résister à l'envie de vous faire partager cette petite vidéo de Dr Cac, les jeunes et le chômage.

L'intelligent Dr Christian CAC, docteur en économie, relate la vie économique de notre pays avec humour et cynisme.
Il prescrit ses ordonnances tous les soirs à 20h20, sur France 5.



En attendant, aujourd'hui mercredi, jour des penne rigate, après m'être levée à 7 heures (coupure d'eau dans l'immeuble de 8h à 17h : je voulais prendre une douche avant, moi !!), je m'en vais sous le soleil radieux et un ciel aussi tranchant que les yeux bleus de Judes Law (si si, je vous le prouve)

Je sais, c'est cliché mais que voulez-vous, la Comtesse de Ségur a aussi ses faiblesses. Ne croyez-vous pas qu'un tel sourire aide à démarrer la journée du bon pied ? ;)


- régler mon litige avec le Médiateur Pôle, un petit coup de fil pour entendre de vrais gens fait toujours du bien
- téléphoner à une DRH qui fait la sourde oreille et ne veut pas me délivrer mon attestation employeur. Ca fait 15 jours !
- manger des lentilles, c'est bon, c'est bourré de fer, parfait pour reprendre des forces
- frapper à la porte de quelques boîtes de production pour tenter de rencontrer les big boss, leur montrer ma bouille et délivrer mon CV...
- faire un goûter parce que j'ai toujours un petit creux dans l'après-midi.
Apparemment, les Américaines nous envient le goûter, "le snack officiel et le seul de la journée", dixit une Américaine qui aimerait sans doute que les bambins made in US en surpoids cessent de bouloter à longueur de journées.

Si ça vous intéresse, c'est par ici :
http://www.lemonde.fr/m/article/2012/02/17/les-bienfaits-de-l-education-a-la-baguette_1644288_1575563.html

- et puis confirmer mon rdv de demain avec la responsable d'un magasin de fringues pour faire des extras...

On y va, on y croit !!!

Belle journée à tous !

lundi 20 février 2012

ASS, RSA et Pôle : séance de rattrapage


Par messages interposés, je découvre que beaucoup sont dans la même mouise que moi, peinant à se dépatouiller avec les acronymes peu humains de Pôle Emploi.
Et que nous frôlons parfois tous l'apoplexie.

ARE, ASS, RSA : qu'est-ce que c'est donc de quoi parlons-nous la même langue ??

Comme j'étais dans la plus totale perdition avec ces petits noms, même si j'avais bien compris que mon compte en banque allait crier famine, j'ai mené ma petite enquête.

J'espère que ces quelques tuyaux aideront ceux et celles qui pataugent dans le monde impitoyable du chômage et les méandres des services administratifs.

ARE, mon amour !
Si toutes les bonnes choses ont une fin, on aimerait surtout que les mauvaises ne commencent jamais !
Mais parfois, pas le choix, un licenciement est vite arrivé, on va pointer tout hirsute chez Pôle pour demander la fameuse ARE (Aide de retour à l'emploi).

Cette ARE est quand même bien pratique, hein, car elle permet de ne pas nous retrouver sans le sou du jour au lendemain et, surtout, de partir faire bronzette au soleil, si possible à l'autre bout du globe. Parce que c'est bien connu, les chômeurs sont des feignants-assistés-profiteurs !

Quand le chapitre se clôt et que les vivres sont coupés (Mouette alors ! Qui paiera nos vacances après les Assedic ?), Pôle nous fait remplir un petit dossier pour savoir si nous avons droit à l'ASS (Allocation de solidarité spécifique).
C'est la procédure à suivre avant le RSA (revenu de solidarité active).

ASS, je te hais !
L'ASS est d'un montant quasi équivalent au RSA. Quasi car elle peut varier selon vos revenus.
En effet, Pôle est futé. Il imite les impôts et se base sur vos revenus de l'an passé pour calculer cette allocation.
  • Cas pratique
L'an dernier, ma plume de journaliste s'est bien activée, j'ai donc payé des impôts.
Pourtant, après les grandes vacances, nada, plus de commandes. Mon chômage touche à sa fin, je n'ai ni job, ni revenus. Pôle s'en fiche, c'est la loi, il l'applique, sort sa petite calculatrice et constate que j'ai eu de bons revenus l'an passé.
Le couperet tombe : je toucherai 8 euros journaliers d'ASS, soit moitié moins que l'intégralité de l'allocation, moins que le RSA, moins que le minimum vital !

CAF, je t'implore !
Donc, au bout de 15 jours, si tout va bien, Pôle envoie sa petite réponse toute jolie dans une grande enveloppe.
S'il vous octroie l'ASS, vous ne touchez pas le RSA, en principe.
Ces 2 aides ne se cumulent pas.

En revanche, lorsque l'ASS est d'un montant minime, comme dans mon cas, il est possible de faire une demande de cumul avec le RSA, auprès de votre CAF.

Enfin, si Pôle Emploi vous refuse l'ASS, vous avez le droit au RSA !

Comprendo ?


SOS médiateur : quand on est au bout du bout du rouleau 
Pôle a des problèmes d'audition ou de parole ? Il ne vous entend pas ? Ne vous parle pas ? Ne pratique même pas la langue des signes ? 
Contactez le médiateur national pour appeler au secours :
mediateur.national@pole-emploi.fr 
Il m'a répondu aujourd'hui (en une semaine), promettant de me rappeler avec une solution. 
Alleluia, des humains en haut lieu répondent !!

Récapepette :

- avant d'arriver en fin de droits, demandez bien à Pôle de vous adresser ce dossier d'ASS à remplir car il peut oublier !

- si vous travaillez pendant la durée de votre chômage (intérim, CDD...), faites un point régulier avec Pôle  car il peut recalculer vos droits et revoir le montant de vos Assedic.
Pôle peut souffrir d'amnésie et ne pas y penser. Ce fut mon cas !

Oui, il y aura encore de la paperasse à remplir et des attestations employeur obligatoires à fournir.
Mais mieux vaut prendre de l'avance que devenir chèèèèvre !

J'espère pour ceux qui galèrent de ne pas en arriver à cette procédure fastidieuse et de retrouver un job d'ici là. 

Et pour tout le monde, une petite musique pour préserver sourire et bonne humeur...
... et pourquoi pas aller onduler devant Pôle, comme le monsieur qui danse ;)


http://www.youtube.com/watch?v=a_426RiwST8&feature=relmfu



samedi 18 février 2012

Histoire de Biquette

Aïe aïe aïe...
En ce début d'après-midi, mon esprit est embrumé.
Mon amie Biquette est venue frapper à ma porte hier soir, les bras chargés de sushis et de bons vins.
Je compte mes amis sur les doigts d'une main. Et Biquette fait partie de cette main.

Lorsque Biquette apparaît, je sais que la nuit sera éternelle. Tout comme cette amitié que nous avons scellée à l'âge de 7 ans, sur les bancs de nos premiers cours de solfège et de piano.

Biquette est architecte, elle vit avec son Chéri et n'a pas d'enfants.
Biquette est une belle personne, un peu déjantée, d'une écoute généreuse et d'une sensibilité exacerbée qu'elle dissimule à merveille. Amoureuse des bons vins qui laissent parfois sur ses lèvres l'empreinte violette des vendanges, elle ressemble à une Brindille élancée. Et quand je la regarde manger avec appétit, engloutir chips et Curly, je me demande, perplexe, dans quelle partie de sa silhouette gracile peut-elle bien stocker toutes ces calories...

Biquette s'est inquiétée de ne pas avoir de mes nouvelles depuis quelques temps. Ca ne me ressemble pas.
Normal, j'ai passé ma semaine à essayer de neutraliser un moral capricieux qui m'a fait osciller entre "j'ai la pêche, je vais rebondir / je n'ai pas de job, quelle vie de mouette !!".

Soulagée de voir Biquette la rousse débarquer.

Biquette nous a servi un verre, j'ai trempé mes lèvres pour me délecter du breuvage, elle est restée silencieuse, ses yeux vifs couleur caramel posés sur moi, attendant que je crache la Valda.
Elle voulait tout savoir des épisodes manqués, elle a été servie :

- une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, j'ai reçu mercredi, jour des rigatoni, une lettre recommandée m'indiquant que je n'avais plus droit à ma carte de presse... Et bah voyons... Presque 15 ans que je la choyais. Pffftt ! En l'espace de quelques secondes, disparue, envolée, supprimée...
Ce n'est pas l'apocalypse, mais tout même, ça m'a foutu un coup.

- un colis m'attendait également, contenant quelques exemplaires du livre Santé que j'ai écrit et qui sortira bientôt en librairie.
"Journaliste-écrivain-en fin de droits-touchant bientôt l'ASS" : quelle ironie ! Mes yeux se sont humidifiés, de joie sûrement, de peine un peu quand même.
Je ne suis pas vraiment croyante mais à ce moment précis, il me semble avoir imploré les cieux pour que la roue tourne enfin pour moi bordel !

- jeudi, un regain d'énergie est venu m'électriser. J'ai décroché mon téléphone, contacté des entreprises, le Ministère de la Santé, le Conseil supérieur de l'audiovisuel pour proposer ma plume, j'ai envoyé des CV à tous ces interlocuteurs charmants qui ne m'ont rien promis mais entrouvert leur lucarne.

- hier matin, je suis passée adresser mes amitiés à Pôle Emploi pour faire le point sur ma situation. Miracle : aucune file d'attente, le service ressemblait au désert de Gobi.
Deuxième miracle : la petite dame de l'accueil a été charmante.
A ce jour, je suis toujours en attente de mes attestations, ma situation est bloquée, je ne sais pas ce qui m'attend à la fin du mois. Restons zen.

- j'ai ensuite envoyé ma demande d'aide au logement puis filé à la CAF pour m'enregistrer et prétendre à un complément de RSA.
La petite dame de la CAF a regardé mon courrier de Pôle Emploi confirmant l'ASS.
J'ai vu ses yeux excédés regarder le plafond avant de revenir sur le courrier.
Elle a hoché la tête, l'air de dire que c'était vraiment n'importe quoi, avant d'accompagner sa gestuelle d'une parole :

"Ce n'est pas clair du tout du tout, Pôle Emploi fait vraiment n'importe quoi".

J'ai entendu son premier soupir d'exaspération.
Incompétence de Pôle Emploi depuis la fusion, système gangréné, conseillers et hiérarchie déplorables, à remplacer...
Je l'ai écoutée fustiger un système en perdition.
J'ai pensé que la petit dame de la CAF devait voir toutes les couleurs de l'arc-en-ciel avec Pôle Emploi.

- j'ai fait un petit tour sur mon compte en banque...  et j'ai vu rouge. Nous ne sommes que le 17 février et je suis déjà en négatif. J'ai pensé agios, agios, agios.

J'ai cessé de parler. Entre deux sushis et dans l'euphorie de cette légère ivresse, Biquette et moi avons dansé sur "New York New York" en riant à gorge déployée, en nous disant que nous étions de grands bébés un peu fofolles.

Je lui ai enfin parlé de mon amour éternel pour l'écriture, de mon blog, de son pouvoir énergisant, de mes premiers lecteurs, de leurs encouragements et de leurs galères aussi...

Fin des épisodes.

Tandis que la nuit silencieuse déposait sa couverture noire autour de nous, Biquette m'a serrée très fort dans ses bras, très longtemps. Je l'ai entendue murmurer que c'était normal d'avoir peur, qu'il nous arrivait à tous de perdre pied à un chapitre de notre vie, mais qu'il ne fallait pas, que tout irait bien, que j'allais m'en sortir.

La nuit magique et mystérieuse fut témoin de deux amies d'enfance enlacées près d'une fenêtre entrouverte. Malgré l'heure tardive, nous avons entendu les premiers oiseaux piailler doucement...
Nos lèvres légèrement colorées ont souri. Le printemps n'est plus très loin.

C'est samedi. Dehors, il fait doux, les oiseaux entonnent une mélodie joyeuse depuis ce matin.
Je suis sous la couette à écrire et je me sens bien, malgré les tracas, ma tête qui tambourine et mon ventre qui émet des grognements de mécontentement. J'ai sans doute un peu trop forcé sur le raisin.
Je me dis que si le chemin est parfois épineux, la vie sème surtout des moments forts et précieux qui nourrissent l'âme et me rappellent que cette vie-là, simple et authentique, est belle et pleine d'espérance.

Allez, j'arrête d'écrire, ce post est un brin trop long et mes yeux auréolés de fatigue picotent. Je vais les fermer un instant avant de rejoindre Mister G et me lover dans ses bras réconfortants de Sicilien.

Il y a des jours légers, comme ça...







mardi 14 février 2012

Trêve littéraire

En ce 14 février, journée des amoureux fous transis, j'ai décidé de faire un break psychologique.

Même si Pôle Emploi entretient avec moi une correspondance épistolaire assidue ;

Même si j'ai encore reçu ce matin une de ses enveloppes dans laquelle Pôle le pot de colle a glissé deux de mes attestations employeurs (pourtant tellement bien remplies, sans ratures, sans traces de Tipp-Ex), me demandant de lui renvoyer les bonnes, les vraies (Pôle a peur que je le trahisse, pourtant, s'il savait comme je suis fiable...) ;

Même si je soupçonne Pôle le harceleur de ne pas faire traiter mon dossier par une seule et même personne, puisque mes attestations me reviennent au compte-gouttes, jour après jour...

J'AI DIT STOP !

J'ai foncé dans l'antre de ma librairie fétiche, à deux pas de mon nid...
Cette librairie est magique, je pourrais y flâner des heures tant elle me repose et me ressource.

Je suis tombée dans le chaudron de la littérature dès que j'ai su lire et écrire. Depuis, je suis accro.
Les livres ont un étonnant pouvoir. Ils procurent un incroyable sentiment de liberté et de légèreté, des élans passionnels, permettent de déconnecter de la réalité, de rêver, de vibrer au rythme des mots, au souffle de chaque page tournée.

Mes goûts sont très variés et, selon les auteurs, je peux rire, pleurer, m'attacher au héros, ne pas vouloir finir un roman tant il me plaît et me transporte ailleurs...

J'ai donc fait péter mes derniers tickets cadeaux-entreprise pour m'offrir et offrir les coups de foudre qui affolent mon coeur depuis des mois.

Et pour vous les faire partager... Qui sait, peut-être aurez-vous envie de plonger dans l'un d'entre eux pour vivre une parenthèse enchanteresse.




Biberonnée à la littérature classique, je n'ai jamais été très BD.
Pourtant, Pénélope Bagieu m'a réconciliée avec la bande-dessinée. Ses planches sont colorées, hilarantes et parfois incisives.
Joséphine, Zoé... Ses héroïnes sont pétillantes et drôlissimes. Parfois un peu paumées, entre deux galères de job et de mecs, elles rêvent au job de rêve et au grand amour. 

"La page blanche" est son dernier en date et narre les péripéties d'une jeune fille qui se réveille dans Paris totalement... amnésique.
Idéal pour activer les zygomatiques !
(je vais le dévorer tout cru !!)




Maupin et Zafon sont deux de mes auteurs favoris.
J'ai découvert le premier il y a trèèèèès longtemps.
"Mary Ann en automne" est son tout dernier, la suite des péripéties de Mary Ann Singleton, héroïne des années 70 dans les célèbres "Chroniques de San Francisco". Un peu plus sombre mais je suis ravie de ce grand retour !

J'ai fait la connaissance de Zafon il y a un mois, avec "L'ombre du vent", l'histoire d'un petit garçon entraîné dans les labyrinthes d'une bibliothèque secrète et marqué par l'auteur d'un livre qui va bouleverser sa trajectoire de vie. Zafon est un amoureux des lettres, sa plume est étonnante et magnifiquement sensible. 




Enfin, un petit dernier pour la route, et pas des moindres ! Les oeuvres complètes de l'un des plus grands : Baudelaire. Je le garderais bien pour moi mais il ne m'est pas destiné :)

Un peu de poésie dans ce monde de brut adoucit toujours les âmes...


Parfum Exotique (extrait)

Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux,
Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone ;

(...)

Pendant que le parfum des verts tamariniers,
Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.


Il n'existe ni jour ni heure pour déclamer des mots d'amour à l'être aimé.
Peu importe la St Valentin !

Que vous soyez seul ou pas, la Comtesse de Ségur vous souhaite une belle soirée !

PS : et vous, qu'aimez-vous lire ?



A quoi pensent les gens ?

Hier, dimanche, j'ai délaissé Paris, ma ville bien-aimée, néanmoins affolante et entêtante, pour un après-midi "à la neige" avec Mister G.
Attifée en montagnarde polaire pour affronter le froid, j'ai vogué en direction d'un petit village situé à... 30 km de Paris.







Happée par le manteau blanc déposé sur une nature à l'état pur, j'ai marché, longtemps, mes pas ont estampillé la terre blanche et moelleuse, j'ai inspiré profondément pour m'enivrer du bon air.


Tiens, un petit animal de la forêt

Je me suis laissée tomber, confiante, dans la neige offerte.
J'ai fermé les yeux, je suis restée immobile un instant, laissant les rayons du soleil venir frôler et réchauffer mon visage. J'ai écouté le silence...
Et tout ce silence, toute cette beauté, m'ont transformée en amnésique heureuse. Je n'ai plus pensé à rien. J'ai oublié Pôle Emploi !

Les étangs de Hollande, près de Montfort

Retour à la capitale en milieu d'après-midi, dans mon petit nid, laissant Mister G à sa fin de journée... chez lui. Nous nous connaissons depuis un an à peine. Traduction : nous ne vivons pas ensemble.
Après une vie amoureuse stable de dix ans qui est partie en cacahuète, mon petit coeur y va sûrement mais gentiment...

En bonne citadine que je suis, je me suis donc engouffrée dans le métro saturé.
Je me suis fondue dans la masse pour devenir une anonyme parmi les anonymes...
Et comme à chaque fois que le métro me porte et me berce, je n'ai pu m'empêcher de jeter un oeil discret aux personnes qui m'entouraient.
Et de me poser cette même question : à quoi pensent ces gens ?

A quoi pense cette femme de couleur qui a l'air si éreinté, ses mains abîmées enroulées l'une sur l'autre, la tête appuyée contre la vitre, les yeux mi-clos et songeurs ?

Cet homme à la soixantaine chic, vêtu d'un élégant manteau marron et d'un chapeau recouvrant ses cheveux poivre et sel ? Une sacoche posée précieusement sur ses genoux, il ne cesse de fixer chaque citadin s'asseyant près de lui, de ses grands yeux bleus interrogateurs.

Et cette ado à la peau laiteuse et à la chevelure dorée, remontée en queue de cheval, pianotant sur son Blackberry ?
Et celle jolie jeune femme qui doit avoir mon âge -, un casque d'Ipod sur les oreilles, si rêveuse ?
Et ce jeune homme, à la dégaine juvénile, en train de gribouiller des notes sur un bout de feuille blanche ?
Et ce monsieur âgé, la tête fourrée dans son petit calepin, à inscrire des chiffres en pattes de mouche et faire des calculs ?

A quoi songent-ils ? Peut-être à leur dîner de ce soir, à leurs enfants, leur liste de course, cet amour qui les transporte, leurs chamailleries avec leur collègue Ginette ou Gilbert, ce long trajet qui les mène chaque jour à leur métier usant, leur compte en banque bien nourri ou la façon dont ils vont pouvoir boucler la fin de mois, ce dossier urgent à traiter, aux combinaisons gagnantes du Tiercé Quinté...

Certains doivent peut-être me regarder en douce et, comme moi, se demander à quoi je pense. En me scannant, peut-être se disent-ils que je suis une jeune fille qui présente bien, sans doute à l'abri du besoin.
Trompeuses apparences !

Les écouteurs sur les oreilles, bercée par un morceau de Angus et Julia Stone, pensive, je songe aux façons de me sortir de ce foutu chômage tout en vivant de ma passion.

Et vous, à quoi pensez-vous ?

La Comtesse

PS : en participant à un forum de discussion sur le site d'un quotidien réputé, concernant la crise et le chômage, un internaute s'est permis de m'insulter, en écrivant que si j'étais au chômage à 34 ans, c'est que j'étais soit nulle, soit feignante.
Je me suis alors demandée à quoi cet anonyme mal poli pensait-il en m'adressant ce message agressif un dimanche ?



vendredi 10 février 2012

Le corbeau

J'avais presque oublié qu'il était possible de faire une grasse matinée le vendredi.
Je me suis réveillée comme une fleur à 10h30, enroulée comme un rouleau de printemps dans la couette de Mister G. Comme à son habitude, Mister G m'a préparé le petit déjeuner. Si Mister G a le sang d'un Sicilien, si nous jouons parfois le remake de Santa Barbara, il est aussi un attentionné-passionné.

J'ai ensuite bravé le froid pour récupérer l'ordinateur de Bélinda à son travail. Direction le 13ème arrondissement de Paris. Bélinda est toujours coincée chez ses parents en attendant que sa hernie discale ne soit plus locataire de son dos... Elle est en mi-temps thérapeutique et sa boss a accepté qu'elle travaille chez elle.
L'avantage du chômage, c'est qu'on a tout plein de temps libre pour rendre des services.

De retour chez moi, j'engouffre mes mimines congelées dans la boîte aux lettres et, ô surprise !, je découvre une enveloppe épaisse de mon ami Pôle Emploi qui me crie : "Coucou, c'est moi que voilà !" 
Pôle Emploi n'a aucun répit. Pôle Emploi le voleur, Pôle Emploi, le sapeur de moral, aime se manifester à l'arrivée du week-end, au cas où nous aurions eu la bonne idée de nous éclater un peu pour oublier notre marasme. Mais il ne parviendra pas à démolir mon fou-rire d'hier soir, ma raclette party de ce soir, mon exposition de demain avec ma copine "journaliste-dans-la-galère-aussi".





J'ouvre l'enveloppe sans énervement.
Je m'empare mollement de la paperasse.
Je découvre gentiment mes petites attestations employeurs qui ne conviennent pas pour traiter mon dossier.
Autant Pôle Emploi est inefficace pour nous aider à résoudre les problèmes, autant il est d'une rapidité fulgurante pour nous envoyer des courriers qui ont l'air de dire : "débrouille-toi toute seule, de toutes façons, c'est toi qui a mal fait les choses".

Je découvre le premier courrier, me précisant que "mes droits d'allocation de chômage pourront être revus à réception des bons éléments". Muy bien.



Je découvre un second courrier, signifiant que mon admission à l'ASS est toujours maintenue mais, ô miracle !, elle a augmenté de 60 centimes. Je ne sais pas pourquoi...
Que puis-je faire avec 60 cts ? M'acheter une demi-baguette, peut-être.

Je découvre un troisième courrier, avec un acronyme tout aussi poétique que celui de l'ASS : l'ARE (Aide au Retour à l'Emploi), qui m'indique que cette ARE m'est refusée...

Jamais entendu parler de la poétique ARE... Pôle Emploi ne m'a ni expliqué ni prévenue quand je suis allée le voir... avant-hier.
C'est hilarant.

Je constate que les missives volantes de Pôle Emploi sont toujours aussi impersonnelles, signées "Le Directeur", par un clavier d'ordinateur.

- Comment joindre "Le Directeur" ?
On ne le joint pas, il  n'a aucun nom, aucun mail, aucun numéro de téléphone.
- Qui joindre pour mieux comprendre ? Le 39 49, bien sûr !

En temps normal, lorsque nous envoyons une lettre à un destinataire (un ami, un amant, une administration, un éventuel employeur), nous prenons soin d'indiquer notre prénom, notre nom, un vrai numéro de téléphone...

Dites-moi, Monsieur Le directeur de Pôle Emploi, pourquoi pas vous ?
Qui êtes-vous vraiment ?
Etes-vous une vraie personne ?
Avez-vous un petit nom que je pourrais susurrer à l'envi ?
Ou êtes-vous uniquement ce porteur anonyme de mauvaises nouvelles ?
...

Etes-vous le corbeau ?


mercredi 8 février 2012

Pôle Emploi, le voleur de sourires

Franchir la porte de Pôle Emploi, c'est devoir admettre qu'on en ressortira la gorge serrée et les larmes au bord des yeux. Peu importe le début ou la fin de journée que nous venons de passer. Peu importe qu'un rayon de soleil puisse, à un moment donné, illuminer cette journée. Oui, peu importe. Car il suffit de quelques secondes pour que Pôle Emploi fasse voler en éclat cette bonne humeur si précieuse, que nous essayons de préserver farouchement.

Ce matin, j'ai aperçu le blanc pur de la neige, qu'une nuit glaciale avait figé sur les arbres et le muret en pierre que j'aperçois depuis ma chambre. J'ai levé les yeux et le bleu franc du ciel est venu s'incruster dans mes yeux embrumés de sommeil... J'ai souri, comme une gamine...

Je me suis préparée l'âme légère et le moral joyeux. Je suis allée à une conférence de presse où une dame m'a raconté son magnifique métier : nez pour les parfumeurs.

De retour chez moi, coup de fil de l'un de mes employeurs : les attestations employeurs sont prêtes, je peux venir les chercher. Grâce à ces attestations, mon dossier pour recalculer mes droits va enfin être complet ; je peux espérer voir mes allocations se prolonger avant de toucher la misérable ASS.





16h : j'arrive à Pôle Emploi avec le sourire, même si c'est la cinquième fois que je m'y rends en une semaine. Les conseillers s'en fichent, ils pensent sûrement que nous n'avons que ça à faire.









Il y a 10 personnes devant moi. Une jeune chômeuse se dirige vers la porte de sortie, en larmes. Mon sourire faiblit légèrement.

C'est enfin mon tour. Je me retourne : 15 personnes attendent dans mon dos. Elles étaient à peine 5 il y a cinq minutes !




Je m'approche d'une jeune conseillère (pas la même que la dernière fois). Elle ne m'adresse pas un regard, pas un sourire, pas un seul bonjour. Je reste zen. Je lui souris pour de vrai, dis bonjour comme je le fais dès que je rencontre un être humain, je lui tends les attestations manquantes.
Mes chakras sont bien déployés.

La conseillère mal aimable me précise que ces attestations sont irrecevables car :
- il y a une minuscule rature
- il y a 2 millimètres de Tipp-Ex à un endroit
- il est indiqué "fonction libérale" pour le titre de mon employeur mais ça ne va pas, il faut indiquer autre chose mais elle ne saurait me dire quoi.
- les attestations sont remplies à la main et tapées à l'ordinateur : non, non, non, elles doivent être remplies SOIT à la main SOIT à l'ordinateur...

Mes chakras se rétractent lentement. Je tente une respiration yogique, du ventre jusqu'aux poumons...

La conseillère mal aimable plante enfin ses yeux dans les miens. Sa bouche s'ouvre pour former un rictus :

- Mais qu'est-ce que c'est que ce nom d'entreprise ?
- Et bien c'est le nom du site internet pour lequel j'ai écrit en tant que journaliste.
- Ah oui, et ça parle de quoi ?
- C'est un site féminin, sur la beauté.

- Ah oui... je ne connais pas... 

Elle ne me croit pas, je le sens et je le vois à la façon méprisante et suspicieuse dont elle me toise. Elle croit que je mens, que j'ai bidouillé ces attestations.
Mes chakras se referment, définitivement.
J'ai du mal à respirer, je sens la petite boule prendre forme au fond de mon gosier...
Je me contiens, je lui explique que c'est urgent, que ça fait 5 fois que je viens. Et là, la FAMEUSE réponse :

-  Ah mais JE NE PEUX RIEN FAIRE. Tant pis, vous reviendrez une sixième fois.

Mais le clou du clou du tableau est sa chute :

- Je vois qu'il nous manque une fiche de paie du mois d'août 2011. Vous avez déclaré avoir travaillé mais nous n'avons pas la preuve ! Il faut revenir avec la fiche de paie.

Eté 2011... c'est si loin... Je sais que j'ai bien envoyé le justificatif de cette fiche de salaire, je le fais à chaque fois. Je n'oublie jamais, je suis une chômeuse studieuse.
Je suis face à un mur qui ne s'écroulera jamais. La discussion est close.

Je pousse la porte de Pôle Emploi qui me paraît lourde, si lourde, et je repars avec un sentiment d'injustice et d'impuissance.
Le ciel bleu a disparu pour laisser place aux prémices de la nuit, la neige a fondu et mon sourire aussi.

De retour chez moi, j'ai contacté mes employeurs pour qu'ils m'adressent les bonnes attestations. C'est génial, à présent ils savent tous que je suis au chômage !

Mister G, mon homme, m'a appelée. Sa bonne humeur ne réveille pas la mienne. Je suis grognon. Plus la force de sortir par ce froid, plus envie de rien, juste de me recroqueviller sous la couette à regarder Grey's Anatomy. Rien de mieux que des opérations sanguinolentes pour se sentir vivante !

Pôle Emploi a encore réussi à me donner envie de pleurer.
Il m'a fauché mon sourire, mes bonnes énergies, ma journée. Il ne manquerait plus qu'il me fauche Mister G.
Nous ne devrions jamais avoir à franchir les portes de cet enfer.

Pôle Emploi est un voleur...



Une journée de mouette

Les journées s'assemblent et se ressemblent, parfois...

7h45 : France Inter m'extirpe d'un sommeil en dent de scie. Dommage, je m'étais rendormie à peine 30 minutes avant...
Fulgurant, mon rêve de cette nuit me revient : je négociais une augmentation de salaire avec mon boss chinois... Je n'ai jamais eu de patron chinois, ou peut-être dans une autre vie... Rien ne va plus.

7h55 : je jette un oeil au mercure : - 2°C... Brrr
- Premier réflexe : je me prépare un bon café.

- Deuxième réflexe : j'allume la télé pour suivre les infos. Le JT s'ouvre sur "Le froid persiste". Je me dis qu'on s'en fout, vraiment on s'en fout de la météo. C'est inintéressant, sauf pour les pauvres gens qui dorment dans la rue, tétanisés par ces températures négatives. Je pense au monsieur SDF que je croise quand je prends le métro, installé sur les marches, mais pas toujours là.
Une pensée pour lui...

- Troisième réflexe : j'allume mon ordi Super PC. Sans lui, je suis comme un chirurgien-dentiste doté de deux moignons. Super PC est opérationnel au bout de 20 minutes. Il ne va pas tarder à me lâcher. C'est bien ce que je dis... un dentiste avec deux moignons...

9h00 : je surfe sur tous les sites d'emploi. Je les connais par coeur, je pourrais presque y naviguer les yeux fermés. Je réponds à 1 offre, je croise les doigts, les doigts, les doigtsdoigts...

9h30 :  ma boîte mail est encore vide. Normal, dans mon métier, tout le monde commence à 11h00.

10h00 : allez hop, on ne reste pas en pilou-pilou, c'est anti-glamour. On file sous une bonne douche revigorante aux extraits de pamplemousse et on enfile son pull le plus chaud qui est aussi, souvent, le plus vilain.

10h15-midi : toujours sur internet. Super PC bugge toutes les 30 minutes, il ne chauffe plus, il crache du feu. C'est curieux, un brouillard épais a envahi l'écran... Je le surmonte de deux bottins pour ne pas qu'il implose.

12h20 : c'est jour de marché. Je sors 2 minutes poster un courrier à mon ami Pôle Emploi et me congestionner les pieds.
Je croise des mouettes affolées, pressées de picorer les restes de victuailles. Des mouettes ! Je vis à Paris, pas en Bretagne. J'ai basculé dans une dimension hitchcokienne ...



Vous ne me croyez pas ?

Et ça ?





13h30 : je déjeune devant l'Edition Spéciale. Je me dis que les chroniqueurs ont l'air de s'éclater, d'avoir une super vie...
Je mangerais bien un morceau avec une cop's mais toutes ont la chance d'être au boulot.
Sauf Belinda, piégée par sa hernie discale. Un mois d'arrêt supplémentaire... elle est carapatée chez ses parents, dans une banlieue parisienne tranquille mais sans vie où j'ai grandi aussi.
"La banlieue ?, me demande-t-on parfois. Ne serait-ce pas là-bas que vivent les "ouaiches-ouaiches", sont brûlées les voitures et organisées des tournantes dans des caves, avec des Pitt' ?"
Heu... non, non, pas vraiment...

13h25 : Nicolas Domenach évoque la boulette de Nora Berra. Sur son blog, la Secrétaire d'Etat à la Santé a recommandé aux SDF "d'éviter de sortir de chez eux par ce froid". Voilà voilà, la patate douce que je suis en train de savourer ne passe plus. Plus faim. Je suis écoeurée.
Mais dans quel monde de mouettes vit cette femme ?

Pour la boulette, c'est par icihttp://tempsreel.nouvelobs.com/le-reveil-politique/20120206.OBS0722/avis-de-grand-froid-nora-berra-recommande-aux-sdf-d-eviter-de-sortir-de-chez-eux.html


14h00 : je zappe et j'enchaîne avec Les Feux de l'Amour. Les acteurs sont les mêmes depuis 30 ans. Sauf leur visage cireux et botoxé. Ils me foutent la trouille. C'est pathétique mais je regarde jusqu'à la fin. Sans doute suis-je un peu maso.

15h : je mange du chocolat, je mets en route une lessive.
Ma vie est tout à fait fascinante.

15h30 : c'est bizarre, il y a comme des flaques d'eau dans mon appart'. La machine à laver fuit !!
"J'esponge", j'essore comme une cinglée, et plus j'essore, plus il y a d'eau. Je prie pour que ma voisine du dessous, aux prises avec la boisson, ne soit pas imbibée d'eau... Je pense Dégât des eaux, Assurance.
Quelle journée de m...., de mouettes !

Paniquée, j'appelle Bambou qui me dit de trouver très vite la patte de poulet décédé, caché dans mon appart', pour conjurer le mauvais sort.
J'appelle mon gardien qui appelle le plombier qui, par chance, est dans l'immeuble. Le plombier règle le problème.
Sauvée !

Mon après-midi de chômeuse s'écoule... je nage dans mon univers para-technologique, la souris compulsive. Sites d'infos, FaceBook, envois de CV, relance des agences d'intérim, publications d'annonces pour donner des cours de français... Tout est bon dans le cochon !

20h30 : ma vraie journée commence enfin. C'est souvent l'heure à laquelle je vois mes amis, Mister G, je sors un peu... C'est si bon de retrouver une vie sociale !

Minuit : le mercure affiche toujours négatif.
Je vais faire dodo.
Je pense à cette journée "comme d'hab'", pimentée de quelques variantes, à mon portable resté silencieux. Aucun recruteur chinois ne m'a appelée pour me proposer un job.
Pfff... mes rêves ne sont jamais prémonitoires.

Je pense job épanouissant, salaire fixe, printemps, soleil, été, voyages, semelles rouges, donc, forcément, escarpins Louboutin, mouettes, non... pas mouettes.

Je pense surtout au monsieur SDF que j'ai croisé ce soir, dans le métro.
Et à tous les autres.
Ils n'ont pas vu les mouettes, eux...



vendredi 3 février 2012

L'amour dure trois ans

Hier, à défaut de faire sauter la crêpe, j'ai fait sauter les élastiques !

9h00 pile-poil : j'arrive à mon Pôle Emploi pour fournir une attestation employeur, la pièce à conviction manquante de mon dossier. Cette attestation permettra peut-être de ré-ouvrir mes droits au chômage, donc de les prolonger, donc d'évincer l'ASS pendant encore quelques mois.
Pôle Emploi avait 3 ans pour réexaminer ma situation, mais il a attendu la dernière minute pour s'y mettre, histoire de bloquer mon compte, les sous et de me mettre une pression nerveuse supplémentaire.

9h05 : je ne fais pas la queue comme avant-hier (1 heure d'attente, les conseillers ne disent pas bonjour, sont mal-aimables, regardent leur montre, impatients de prendre la fuite).
J'arrive toute guillerette et fraîche du froid polaire devant la conseillère pour lui remettre ma petite attestation.
- "Ah mais non mais non, c'est une photocopie. Il faut l'original avec un vrai tampon et une vraie signature de l'employeur"...

Elle ne croit pas en ma bonne foi... Je lui indique gentiment le numéro de la comptable en bas de page, pour qu'elle l'appelle tout de suite...
- "Ah mais non mais non, je ne peux rien faire pour vous... Tant pis, si je n'ai pas le bon document, vous recevrez un courrier pour nous l'apporter".

Je lui explique poliment que c'est urgent, mes droits sont bloqués, je ne peux pas m'inscrire à la CAF ni recevoir d'aide au logement s'ils n'accélèrent pas la procédure...
"Ah mais non mais n...."

9h15 : et là, j'explose, je crie, j'hurle, je vocifère, je suis à bout... Tout le monde se retourne, tous les chômeurs comprennent et compatissent, le sourire dans leurs souliers.

9h16 : je crois que la Dame Pseudo Conseillère a compris... Elle décroche son petit téléphone et appelle la comptable...

9h20 : je ressors dépouillée, la larme à l'oeil. J'ai froid, j'ai envie de me pelotonner sous la couette mais je dois m'engouffrer dans le métro pour me rendre à une conférence sur une nouvelle pilule contraceptive.
Quelle magnifique journée !

12h30 : retour chez moi, tout va mieux. Je suis apaisée.

15h00 : je tourne en rond, je ne fais rien de bien, je décide de m'accorder une pause, une vraie. J'ai envie de voir "L'amour dure trois ans"... J'adore Frédéric Beigbeder, sa folie, sa vivacité d'esprit. Son roman m'avait plu...
Je fais mes comptes :  c'est bon, je peux encore me payer une séance à 10 €, tiens, 3 ans, la même durée que mon chômage.

16h45 : la séance est entamée et le paquet de Granola largement aussi. Une éternité que je n'avais pas succombé à cette saloperie doucereuse. Quel bonheur !
Ce n'est pas le film du siècle mais c'est léger, bien mené, je passe un bon moment.

18h30 : retour chez moi, revigorée. Coup de fil de Bambou, enrhumée. Elle a la voix d'un "trans", je peine à la reconnaître. Je ne savais pas que l'urticaire engendrait des mutations...

19h45-22h : séance de yoga après des mois d'abstention. Je pratique depuis 6 ans mais j'avoue que ces derniers temps, le chômage grignote mes bonnes énergies.
Les tensions lâchent une à une, mon corps reprend vie, mon esprit se vide de pensées parasites... J'oublie que rien n'est simple en ce moment. Une étrange euphorie m'envahit.

22h30 : ma fenêtre est entrouverte, un parfum de crêpes se glisse dans mon appart'. Je me souviens qu'aujourd'hui, c'est la chandeleur... Petit pincement au coeur. Je suis seule, je ne peux même pas faire sauter ma crêpe avec Chéri-Chéri. Ces derniers jours, quelques tensions s'interposent entre nous. Je commence à croire que l'amour ne dure même pas trois ans...

23h :  ne surtout pas ruiner mes énergies positives. Je me glisse sous la couette. Je savoure, je ferme les yeux, je ne pense plus à rien, ni à Pôle Emploi, ni à la partie de crêpes loupée, ni à mes amours contrariées, ni au fait que l'amour dure trois ans.
Je me dis que ça fait du bien de se faire du bien, de ne penser qu'à soi, parfois.
Je souris et pour la première fois depuis longtemps, je me laisse bercer et emporter par Morphée.

jeudi 2 février 2012

Tous à poil pour gagner notre vie !

J'avais un post en attente d'être publié, mais celui-ci a pris le pas.

L'article qui suit fait d'abord sourire. C'est vrai, la situation est plutôt cocasse.

http://www.elle.fr/Societe/News/Une-educatrice-recoit-une-offre-d-emploi-de-strip-teaseuse-1894502

Ensuite, ce qui marque, ce sont les mots employés par le porte-parole de Pôle-Emploi : "envoyer cette offre à une FEMME EN PARTICULIER", "système entièrement automatisé".

Parce que le problème se pose là ! Les conseillers Pôle-Emploi ne sont pas de vrais conseillers. Ce sont des automates calfeutrés derrière un bureau, présents pour recevoir les gens, pardon, des "numéros identifiant", vérifier qu'ils ne sont pas partis se dorer la pilule au soleil et remplir des petites cases dans leur ordinateur...

Peut-être faudrait-il déjà commencer par les former pour qu'ils puissent réellement aiguiller les chômeurs que nous sommes, nous accorder une écoute attentive, sans tomber dans la psychanalyse, et ne pas se retrouver avec ce type d'offre d'emploi qui plombe un moral déjà en berne.
Bref, ils n'y sont pour rien, ils sont démunis, ils subissent aussi et se font insulter.
C'est le serpent qui se mort la queue.
Qui a raison, qui a tort...

Et pourquoi pas tenancière d'une petite roulotte au bois de Boulogne pour arrondir nos fins de mois ?

Oui, la comtesse de Ségur est toute en "ire" aujourd'hui !