samedi 10 mars 2012

Pause enfantine

Hier, j'ai retrouvé un édito de Sempé, paru dans un ancien numéro de Madame Figaro.
Ses dessins enfantins, aériens, malins, touchants... L'univers de Sempé a bercé mon enfance et continue de me porter. Je me souviens me faufiler dans la chambre de mon grand-frère chouchou Lolo (nous avons 5 ans d'écart) pour lui chiper les aventures du petit Nicolas.

Dans cet édito, Sempé évoque cette période de l'enfance qu'il affecte tant, cette difficulté, parfois, à revenir dans le monde des grands... Je le comprends tellement.
Moi-même, je me surprends souvent à rembobiner le fil de mon histoire pour plonger, nostalgique et rêveuse, dans le monde merveilleux et imagé de mon enfance si douce, protégée, peuplée de fées et autres personnages fantastiques...

Chaque mois, j'ai la chance de pousser la porte du monde magique des écoles maternelles.
Pour écrire l'unique article mensuel qui paraît dans un magazine dédié aux parents.
Pour tout vous dire, cette rubrique me rapporte une somme dérisoire et ne me fait pas vivre. Mais alors, quel bien fou elle me fait !
Cette rubrique consiste à poser des petites questions toutes simples aux enfants, du style : pourquoi c'est chouette d'avoir une grand-mère ? C'est quoi pour toi un Président de la République ?
Les réponses sont d'une spontanéité rafraîchissante et souvent drôlissimes.

Hier, vendredi, rendez-vous dans une école du 11ème arrondissement.
Dès que je franchis la porte de l'école, c'est le même constat : mes soucis restent sur le seuil.
La chaleur "maternelle" s'enroule sur moi pour mieux me bercer et m'apaiser.
Je pénètre dans un autre monde. Un monde au silence réconfortant, de douceurs, d'espoirs intacts, d'émerveillements et de féérie, un monde heureux entre le réel et l'imaginaire, où tout est possible...

J'écoute les bruits, les chuchotements... Je grimpe les immenses escaliers dont les marches craquent sous mes pieds. Je m'en vais rejoindre la maîtresse et les têtes blondes qui m'attendent.
A chaque fois, les souvenirs remontent à la surface. Je me souviens de la petite fille que j'étais, mi timide, mi espiègle, à cette même place, tenant la main fragile de mon acolyte féminine, courir dans la cour, sautiller dans le sable.

J'arrive dans le grand couloir baigné de lumière, oh ! les manteaux attendent toujours, au repos, se tenant chauds, serrés les uns contre les autres, près de la classe. Rien a changé...
Le mien, de manteau, était rose pâle, je l'accrochais au milieu de tous les autres, par sa capuche, avant de me faufiler dans la file, en rang, deux par deux.
J'avance encore un peu, j'entends leurs petites voix fluettes et vives...






Je pousse la porte, certains relèvent leur visage bouclé pour me mirer de leurs billes pétillantes, deux petites filles déguisées en princesse courent vers moi pour déposer un bisou sur ma joue, d'autres continuent de jouer sur le tapis...
Quel joyeux et coloré bordel !



...

Fin des questions, c'est l'heure de la récré et de son folklorique brouhaha.

J'ai fait demi-tour, la porte de l'école s'est refermée derrière moi, j'ai grignoté la rue de mes pas légers, consciente que mes soucis étaient restés là où je les avais laissés en pénétrant dans l'autre monde, à savoir sur le trottoir.

Sur le chemin, j'ai croisé la route... d'une boulangerie aux mille milliards de tentations. J'ai décidé de poursuivre ma pause enfantine et de m'y engouffrer. Après tout, il n'y a pas que les enfants qui ont droit de se délecter d'un goûter et se dessiner des moustaches chocolatées !

A la vu des mignardises, mon estomac s'est affolé et mon palais a salivé. J'ai dégluti d'envies !
J'ai finalement jeté mon dévolu sur un mini financier aux amandes pour moi et un mini fondant au chocolat pour Mister G.
Malgré son caractère de Sicilien, Mister G a conservé son âme d'enfant. Il la cache bien, c'est un malin. Mais lorsque sonnent les coups de 16 heures, l'enfant qui sommeille en lui reprend le dessus. Café et pain au chocolat, c'est l'heure du goûter, plus rien ne compte. Ses petits yeux s'attendrissent, la régression opère, Mister G parle d'une petite voix de coincoin et réclame des câlins.














La pause enfantine se termine... J'ai puisé ma chaleur dans le coeur sucré de ces enfants aux milles sourires, dans leur univers de jeux, de toboggans, de doudous curieux, de rêves éveillés.

Oui, aujourd'hui, j'ai clairement régressé. D'où ma plume légère et mes photos gourmandes...
Espère vous avoir fait saliver un peu...

Et que vous soyez Parisiens ou pas, si vous avez envie de déconnecter et de régresser à votre tour, sachez que l'Hôtel de Ville de Paris expose Sempé jusqu'au 31 mars.
Courez-y, il est encore temps, l'exposition est magique, vous en ressortirez avec un sourire... d'enfant !

Info
Exposition "Sempé, un peu de Paris et d'ailleurs" :
http://www.paris.fr/accueil/culture/sempe-s-expose-a-l-hotel-de-ville/rub_9652_actu_105394_port_24330

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