samedi 14 avril 2012

un vendredi 13 de chien

J'ai le syndrome de la page blanche, je sèche, ma plume s'assèche, dénutrie de nouvelles fraîches à vous narrer.

Depuis que je suis au chômage, les sollicitations professionnelles se font aussi rares que les sources d'eau dans le désert.
Et pourtant !
En milieu de semaine, j'ai eu droit à mon oasis ! en honorant une invitation pour le sacre d'un coiffeur devenu Ambassadeur d'une marque mondiale de cosmétiques que je ne citerai pas.
Parce que nous le valons bien.
J'y ai fait un tour, curieuse, fraîche et reboostée à l'idée de pouvoir faire de nouvelles rencontres professionnelles.
Je me suis dit : "on ne se laisse pas aller, on y va, ce soir, tout peut arriver !"

Franchement ? J'ai déchanté. Je me suis demandée si je ne m'étais pas trompée d'endroit.
J'ai assisté à un ersatz de cocktail mondain, planté dans le décor rose bonbon d'un riquiqui salon de coiffure. Je suis restée figée comme un clou rouillé, au milieu de tous ces gens paradant, au look Rêve de Cuir, au teint blême et à la pupille dilatée, au nez poudré et repoudré, survoltés au Guronsan, à la cortisone ou je ne sais quoi d'autre.

Sur une ambiance Techno Danse, j'ai vu défiler des plateaux de Ferrero Rocher, de coupettes de champagnes et d'amuse-gueules, un bouledogue anglais et un chihuahua aboyant à s'égosiller.

Puis vint le défilé de pseudo-mannequins anorexiques et choucroutés, présentant la Fashion Façon dont le Coiffeur Ambassadeur maniait ciseau et laque.
Je suis restée 30 minutes et j'ai filé, pétrifiée d'ennui et de vide.

Vendredi 13.
Jour de chance ? De malchance ? Ni l'un ni l'autre. La journée fut aussi neutre que la Suisse.
Enfin, presque.
Ce matin, molle comme une guimauve, un bref entretien pour un job m'a extirpée d'une drôle de léthargie. Pour le même site internet qui m'avait clamé des promesses d'écriture pour un sac de cacahuètes périmés.
Le Recruteur, en l'occurrence une jeune fille sympathique de mon âge, a voulu me revoir !

Nichés quartier Montparnasse, au 7ème étage (vais-je enfin accéder au Paradis ?) les locaux de l'entreprise offrent une vue panoramique époustouflante sur les toits de Paris et sur la magnifique Dame de Fer.
Wouaou ! Je n'ai pas osé dégainer mon appareil photo pour vous faire profiter du spectacle.
Je n'étais pas venue en touriste mais en demandeuse d'emploi déguisée.
Car la règle reste d'or : ne jamais révéler mon Chômage.

Le spectacle donnait à peu près cela :


L'entretien est cool, le courant passe bien. Le Recruteur me propose d'écrire un article par semaine. Liberté totale du ton et du sujet, bref un job free lance, mais point de CDI devenu fantôme.
Oui, oui, oui le projet m'emballe !
Bizarrement, je ne fais pas des sauts de cabris.

Le recruteur n'a pas idée de son budget Salaire, il doit revenir vers moi.
De mon côté, j'ai une très nette idée du lance-pierres qui me guette.

Au fond de moi, je pressens une nouvelle et usante bataille de négociation. 
Suis-je trop exigeante ? Je ne crois pas.
Au bout de 15 ans de vie pro, je voudrais juste être reconnue à ma juste valeur, ni plus ni moins.

Je me sens lasse, je me traîne, pas d'entrain, fatiguée.
Je pense "c'est normal, c'est vendredi 13".
Mon énergie gourmande n'est pas au rendez-vous.

En sortant, j'aurai dû entrer dans un tabac et gratter une grille de Loto.
Je me suis abstenue, je ne gagne jamais.

Au lieu de ça, je suis partie chercher Chien-Chien chez Mister G.
Mister G a migré quelques jours sur l'île de Beauté pour faire des photos ; à moi le gardiennage !

Je vous présente ?
Chien-Chien est un mélange de Jack Russel et de teckel, un amour d'intelligence qui penche le museau quand on lui parle. Au moment où je vous écris, il dort profondément et doit rêver d'un os de poulet géant ou d'une chasse aux pigeons parisiens ; il émet de drôles de jappements.


En regardant Chien-Chien, je me demande si je ne devrais pas me lancer dans la lucrative entreprise Canine.
Un chien ne réclame pas grand-chose, si ce n'est des promenades, une gamelle de grains-grains et des câlins.

L'avantage quand on a un animal, c'est qu'on ne peut pas végéter dans son nid tout un week-end.
On est obligé de sortir pour que Chien-Chien fasse pissou dans les bosquets plutôt que sur le lino.
Nous sommes donc partis nous balader dans le grand bois.
Chien-Chien a fait la gueule de ne pas être avec son maître. Il ne m'a pas écoutée et m'a superbement ignorée.
Du coup, demi-tour, retour au nid où je me suis fait les oreilles de Lapin... Après le fiasco de Pâques, j'avais bien droit à ma pause chocolat !


Tout en faisant un sort à Lapin, j'ai feuilleté mon agenda.
Les semaines à venir ressemblent à un immense océan de néant dans lequel je pourrais me noyer avec allégresse.
Le creux de la vague.
Affligeant.

Par instant furtif me frôle l'idée que, finalement, je suis bien dans mon nid, au chaud, que le chemin du travail me paraît aussi vertigineux que l'Everest.

Par instant fugace, je me plais à ne rien faire, moins je fais, moins j'ai envie d'en faire...
Je me sens coupable d'être envahie par cette flemme soporifique.
Mais quel soulagement de vous l'écrire !

Par instant de grande perplexité, je me dis que mon étrange quotidien tangue à la manière d'un frêle paquebot tentant de maintenir le cap sur une mer agitée. A quand le retour au calme et à l'équilibre ?
Je commence à avoir le mal de mer.

Je m'interroge doublement : la société m'injecterait-elle, à mon insu, des mini-doses de son sérum décourageant et apathique ? Réduisant ainsi ma passion de la plume à de simples croquettes pour Toutous?








2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour comtesse,
Moi, je ne trouve pas du tout que vous ayez eu le syndrome de la page blanche. Vous nous avez écrit un vrai morceau de bravoure, surtout sur la fin. C'est souvent dans le malheur que les artistes sont le mieux inspirés.
J'ai adoré certaines de vos phrases, dans lesquelles je me suis totalement reconnue quand j'étais au chômage : "Les semaines à venir ressemblent à un immense océan de néant dans lequel je pourrais me noyer avec allégresse.Le creux de la vague","Par instant de grande perplexité, je me dis que mon étrange quotidien tangue à la manière d'un frêle paquebot tentant de maintenir le cap sur une mer agitée. A quand le retour au calme et à l'équilibre ? Je commence à avoir le mal de mer", "Je me sens coupable d'être envahie par cette flemme soporifique"; ou par rapport à la jungle de ce monde "la société m'injecterait-elle, à mon insu, des mini-doses de son sérum décourageant et apathique ?", en particulier le monde du travail où il fait souvent soulever la délicate question du salaire, ne pas rabaisser ses prétentions, tout en restant humble et malléable si on veut trouver quelque chose. J'ai trouvé pour ma part une autre mission intérim et là, on m'arnaque entre autres avec les tickets resto. Je sais très bien que j'ai les mêmes droits que les autres salariés sur ce point, mais je ne sais pas si je dois l'ouvrir ou la fermer...Je ne veux pas me faire mal voir, mais je sais que je vais me faire avoir...
Et Mister G, c'est reparti ou vous êtes justes restés amis ? J'espère que vous n'êtes pas la bonne poire juste bonne à garder le toutou...
Au fait, j'ai remarqué une coquille dans votre article, si je puis me permettre : vous avez écrit " j'ai déjanté" au lieu de "déchanté"(concernant la soirée événement chez le coiffeur "qui le vaut bien" ;-)). Sur ce, bon dimanche. LN77

lolo31520 a dit…

Hello Chère Comtessa ! :)

Ouh lala... very tristounette que vous êtes (ça tombe mal, car chose rare, je lui moi aussi depuis 2 jours...) Les manques d'esprits se rencontreraient-ils ? ;)

OUF ! je n'étais pas chez l'O. je m'y serais autant ennuyée que vous, quant à l'entretien (vue exceptionnelle en passant), il donne presque envie de sauter... Pas drôle, je le sais... ;)

Heureusement que Chien-Chien était dans les parages - même s'il avait un humeur de chien... wouaf wouaf ! (ça c'est pour vous faire sourire :)

Prenez votre mal en patience car vous maniez la langue (française) avec un tel art (j'adooooore encore et encore toutes vos expressions et comparaisons - faites-en un Recueil ou j'en ferai un !!! :)

Pour finir, "déjantée" me convient mieux que... déchantée (question de goût :)

Hop, je file à la campagne (ferme bio, bavardage avec des légumes et fleurs qui poussent :)

Bon courage et bonne journée Chère Comtessa ! :)

PS: pour les coquilles, j'en fais collection...

Lo²